vendredi 29 janvier 2016

Les rastas anonymes part II

 Première partie: Ici!

Suite et fin du témoignage édifiant d'Alex, un mec qui revient de loin...
 

Il paraît qu'il est de coutume dans la communauté de rastas de consommer de l'alcool, des drogues douces voir hallucinogènes, pouvez vous nous en dire plus sur votre expérience ?
Pour ma part, j'ai commencé comme tout le monde, en buvant de la bière bon marché dégueulasse. Du moins, je croyais que c'était ce que tout le monde faisait, et c'est pour ça que je me forçais. A l'époque, je ne savais pas que la bière pouvait se présenter sous une autre forme que dans des bouteilles en plastique d'un litre et demi. Je ne savais pas non plus qu'elle pouvait être bue fraiche, et avec des bulles. Celles que consomment les rastas ont un goût de pisse. Pourtant, j'avais fini par m'habituer à cette odeur âpre qui allait jusqu'à envahir ma casquette-bonnet en coton jaune vert rouge. Et, je me suis aussi accoutumé à cette haleine d'alcool frelatée, même après avoir bu qu'une seule gorgée. Pourquoi m'être infligé ça ? Pourquoi en avoir bu autant, de jour comme de nuit ? Ce sont des questions qui me tourmentent, et qui resteront sans réponse.
J'aimerais à présent aborder une expérience bien plus douloureuse, et j'accepte que vous me censuriez si vous ne la supportez pas. Tout a commencé lors d'une banale soirée tamtam autour d'un feu de bois. Nous étions tous assis en rond et l'un d'entre nous a roulé un joint. Ils se sont tous fait passer ce « bédo », et dans la folie de l'action, j'ai tiré dessus... J'ai tout de suite trouvé ça absolument ignoble. Je n'avais jamais fumé et le goût ne me plaisait pas. L'horrible produit me procura vite une drôle de sensation au bout des doigts. Le pire, c'est que j'ai toussé, et que tout le monde s'est moqué. « Aha, il crapote »-ont ils lancé. Du coup, je n'ai rien dit à personne quand j'ai senti ma tête tourner, et retourner dans tous les sens. Je croyais que j'allais m’évanouir, je me voyais m'enfoncer dans le sol. De plus, j'avais des sueurs froides et honte, je voulais vomir. Mais, l'avantage quand on traine avec ce genre de personne, c'est qu'une fois assis à même le sol, on ne peut pas facilement les faire bouger, et ils ne font attention à rien. Alors, j'ai enfoui ma tête entre mes dreads, je me suis couvert avec mon sarouel, et personne n'a remarqué mon bad trip. Pourtant, je me suis énormément remis en question. Si j'étais un rasta, si j'avais vraiment foi en Jah, il fallait absolument que j'accepte l'idée de me mettre à fumer des joints. Moi aussi, je voulais passer mes journées à « stoner » devant la télé un pétard à la main. Moi aussi je voulais que mes vêtements sentent la beuh, et moi aussi je voulais avoir la flemme de bouger de chez moi par ce que j'étais trop calé. Je voulais profiter de la vie, la vraie, en communion totale avec mes frères. Malgré mon réel désir, mon corps n'a pas pu accepter le cannabis. J'ai fini par me rendre à l'évidence après avoir enchainé trois crises blanches, coup sur coup, quand je m'entrainais à fumer en cachette. J'ai fini à chaque fois, caché de tous, derrière les immeubles abandonnés de mon quartier, couché, les mains moites agrippées au joint, voyant ma vie défiler, incapable de me relever, ni de respirer correctement. J'ai cru devenir fou, je crois sincèrement que vous avez face à vous un rescapé. Oui, je reviens de loin. Il fallait que je trouve un subterfuge, et même si je devais mentir à mes pairs, même si je suis sur que Jah aurait souhaité autre chose pour moi, je ne voyais pas d'autre solution pour pouvoir enfin m'intégrer. J'avais peur, je ne voulais pas me retrouver seul.
Je me suis alors acheté plusieurs briquets avec des têtes de lions ou dotés de la carte d'Afrique dans la station service du coin. Après, je me suis mis à ne fumer que des cigarettes roulées, c'était ce que faisaient les anti « shitstem », et ça me permettait d'avoir toujours des feuilles pour ceux qui en avaient besoin. Afin de tout de même avoir les yeux rouges, et pour sentir le renfermé, j'avais pris l'habitude de fumer de l'herbe séchée venant de la pelouse du voisin. Les gens n'y voyaient que du feu, on me prenait pour un gros stone, on m'engueulait, on me conseillait d'arrêter, on me disait que je ferais mieux de me calmer.

Justement, quel élément a été un déclic pour vous, et vous a fait réaliser la fatalité de la situation ?
Bon. J'ai encore du mal à parler de ce que je m’apprête à vous dire, bien que ça se soit produit il y a quelques années déjà. Je dois préciser qu'a l'époque mes dreads arrivaient à mes genoux. C'était après un concert de Papa Style et Baldas et on était tous au bord de la plage. J'étais en train de jongler quand des amis ont pris la voiture. Quand ils ont démarré, j'ai réalisé que mes dreads s'étaient prises dans la portière. Elles se sont violemment arrachées et j'ai souffert le martyr. Grâce à Jah, euh, Dieu, pardon, vieux réflexe, ils roulaient à 2 à l'heure. Mais ma coiffure était malheureusement fichue en l'air et c'était avec grand regret que j'ai du me raser la tête. A partir de là, j'ai perçu dans le regard des autres que quelque chose avait changé. Je n'étais plus des leurs.
J'ai passé des semaines dans le noir à écouter Root System. Oui, bien entendu, j'avais pensé porter une perruque, mais j'avais l'impression d'être un imposteur. Bref, vous comprenez bien qu'après être tombé aussi bas, je n'avais plus qu'une solution. Tout plaquer. C'était dur mais je tenais à la vie, et je me disais qu'il fallait le prendre comme un mal pour un bien. J'étais donc prêt à tout, même à changer la déco de mon apart et à enlever mon drapeau « jah rastafari »
J'ai pris contact avec les Rastas anonymes il y a 3ans. Ca a été long et laborieux. J'ai du tout d'abord jeter tous mes disques. Même ceux de Sinsemilia. Mon parrain, l'homme qui m'aide a sortir la tête de l'eau, m'a forcé à écouter d'autres choses. Ca m'a rendu fou, j'étais désorienté. Je n'entendais plus le rythme qui est présent dans toutes les musique de reggae. Je croyais être au bout de ma vie. Puis, j'ai du éviter tout ce qui était jaune, vert ou rouge. Trop risqué. Finies les salades au trois poivrons. Mais aussi les lions et les cendriers avec des feuilles de cannabis. J'avais l'impression de me renier et que la rechute était inévitable. Mais j'étais allée tellement loin les années précédentes que je ne pouvais pas guérir en faisant dans la demi mesure.

Et aujourd'hui, comment vous sentez-vous ?
Aujourd'hui, j'ai retrouvé ma véritable identité. Loin de tous ces tam-tam et de la puanteur des pieds nus. Il m'arrive même de sortir dans des vrais bars le soir. Je porte des jeans, et je me rase parfois. Je ne marche plus en canard et je m'évite les tics de langage avec les mots « yo » et « man ». Je suis très fier, même si le chemin n'a pas été facile. J'avoue que parfois j'ai des moments de faiblesse, mais il faut que je m'accroche au quotidien. Par exemple, des fois, quand je me sens mal, je me dis que Zaz est mignonne. Puis, je me ressaisis. Les rastas anonymes sont toujours là pour me soutenir.
Quand je pense à tous ces jeunes et moins jeunes qui clament l'hymne de nos campagnes, évidemment, j'ai peur. Mais je ne désespère pas. On peut revenir de tout. Même du pire. Même du reggae.

mardi 26 janvier 2016

Les rastas anonymes part I


Journaliste d'investigation de longue date, j'ai enfin eu l'autorisation d'observer une réunion de rastas anonymes. Ce mouvement fondé aux Etats Unis dans les années 80, par le désormais célèbre psychiatre - sociologue – philosophe Rowland Osmondeu, réunit chaque jour de plus en plus d'adeptes décidés à couper leurs dreads une bonne fois pour toutes.
Enquête.

Il est 19h45, me voici dans le fief des rastas anonymes. Je me dirige naturellement vers un jeune homme d'environ 25 ans a l'allure saine : il a les cheveux courts, porte une chemise, et un pantalon slim. Je suis loin de m'imaginer l'enfer qu'a pu vivre cet individu, et par quelle déchéance il a pu passer. C'est avec bienveillance qu'il accepte mon interview.


Bonjour, pourriez vous nous parler de votre parcours ? Ce qui vous à mené à être ici aujourd'hui ?
Bien. Je vais vous parler sans langue de bois. Je vais être honnête, alors j'espère que vous avez le cœur bien accroché et que vous n'êtes pas avare en tolérance. Je m'appelle Alex. Mais à l'époque, je me faisais appeler... Jajah.
Je ne sais pas trop comment tout a commencé. Je crois que c'était en 5eme. Un garçon de ma classe a commencé a dessiner sur mon agenda. C'était vert, rouge et jaune et l'enfant innocent que j'étais a aimé. Le type m'a expliqué que c'était le drapeau rasta et que si je voulais, il pouvait me passer le best of de Bob Marley pour mieux connaître l'infâme mouvement. Il était très mal intentionné. Mais il faut me comprendre. J'étais faible, mes parents divorçaient, et j'admirais ce mec. J'avoue, j'ai cruellement manqué de jugement. Le pire dans tout ça, c'est qu'à la première écoute de Jamming, je n'ai pas aimé Bob Marley. Mais très certainement pour rentrer dans le moule, j'ai écouté tout l'album. A la fin du disque, j'étais complètement emballé. Bizarre à comprendre mais c'était comme si on m'avait retourné le cerveau. Je n'ai pas pris garde, et ces rythme enfantins et on ne peut plus basiques ont été addictifs pour le cerveau en pleine construction du petit garçon que j'étais alors.
Donc, évidemment, le lendemain, je demandais à mon copain d'autres albums pour assouvir ma soif de Bob Marley. J'écoutais ça en boucle. Je pense que ça a commencé aussi simplement que ça.
Tout s'est ensuite très vite dégradé. J'ai commencé à pousser des « yeah man » ou des « mon frère » à tout bout de champ. Mais je ne me suis pas arrêté là. J'ai commencé à adopter l'état d'esprit rasta que je ne quitterais plus pendant dix ans. J'admets m'être en effet laissé engrener par leur philosophie néfaste et nuisible. Je rappelle que j'étais jeune, et qu'à l'époque je n'avais rien à quoi me raccrocher. Vous savez, j'ai eu une enfance très difficile, bercé par les disputes et cris, il me fallait un refuge, et sentir que je faisais partie d'un groupe. J'ai bêtement cru que ces gens me voulaient du bien et qu'ils m'aimeraient ainsi. Je me suis donc efforcé de comprendre les paroles de Bob Marley, j'ai pris connaissance de Jah, de Babylonia et de toutes ces crapuleries. A présent j'avais un Dieu, une quête, des principes. Je croyais avoir trouvé un refuge, une communauté assez puissante pour m'accepter tel que j'étais. Je me suis alors retrouvé du jour au lendemain, le cerveau rongé, économisant tout mon argent de poche pour partir en pèlerinage en Ethiopie, sois-disant la terre promise.

Mais que faisaient vos parents dans tout ça ? Ne pensez vous pas qu'ils auraient pu contrôler toute cette déchéance ?
Je ne blâme pas mes parents. Ils se déchiraient et j'étais malin comme un singe. Donc j'ai pu commencer à me détruire en portant des teeshirt « Jamaica style » sans qu'ils ne réalisent à quel point je me mettais en danger.
J'écoutais du Tryo à longueur de journée et mon objectif était d'apprendre à jouer avec des bolas sur une plage tout en écoutant des sons guitare. Ne me regardez pas comme ça. Je reviens de loin, je vous l'ai déjà dit.
Puis à 14 ans, j'ai carrément vrillé. En plus de mes sarouels en laine de chèvre qui grattaient le cul, que je payais une fortune, je me suis fait des dreads.
Oui.
Des dreads.
A cette époque là j'avais commencé à ne trainer qu'avec des gens que je considérais «comme moi » j'avais donc beaucoup de mal à réaliser que j'allais beaucoup trop loin, qu'il y avait un sérieux problème. C'est ma petite amie ddu moment qui m'avait conseillé de faire des dreads, par ce que ça donnait un air cool. Je dois préciser que cette rognure m'avait aussi fait du chantage, en me disait que si j'en étais vraiment un, si j'étais des leurs, je ne verrais aucun inconvénient à porter cette serpillière sur la tête. Je voulais être aimé, je ne voyais pas le mal à tout ça, et, je allé en faire chez un coiffeur, par ce que je ne savais pas comment on faisait.
J'admets que la réaction de ma mère quand je suis rentré chez moi avec cette coiffure m'a fait très peur. Elle n'était vraiment pas contente. Je me sentais incompris. J'en étais au point ou seul Jimmy Cliff pouvait me rassurer. Je me suis donc cloitré dans ma chambre pendant 24h, en écoutant Don't worry, be happy en boucle.
Puis, vite après, j'ai commencé mes premiers festivals. Je n'en avais jamais assez, j'allais toujours plus loin dans le pathétique. J'accuse particulièrement le Reggae Sun Ska festival. Il m'a entrainé dans une spirale infernale. J'y retournais chaque année. Et chaque année j'y découvrais des groupes plus « peace » les uns que les autres. Un nouveau groupe à ajouter a ma playlist, et dont la démarche nonchalante et les mimiques m'inspiraient. J'estimais avoir la même philosophie et spiritualité qu'eux. Oui, je sais, ça avait atteint un point de quasi non retour. J'estimais le reggae comme une doctrine, une sagesse... C'est tellement ridicule avec du recul.
Lors de mes années lycée, j'avais commencé à jouer du djembé avec une bande de paumés. On se faisait des medleys rythmiques sur des parking jusqu'à tard dans la nuit. Ca ne plaisait pas au voisinage, et j'ai peu à peu réalisé qu'il n'y avait pas que ma mère qui me trouvait lourd.


La suite, vendredi!

vendredi 22 janvier 2016

L'amour de ta vie n'existe pas.

                      Les noces rebelles. Si t'as vu le film, tu sais que le quotidien avec l'amour de ta vie peut-être craignos.


Arrête! Stop! Ne te fatigue plus à chercher. L'amour de ta vie n'existe pas, il faut que tu l'acceptes. Je sais que, toujours, on t'a dit que tu serais un jour complété(e) par ton âme sœur, et que celle-ci t'élèvera, et comblera le vide qui est en toi. Tu les as cru, hein ? Je ne peux pas te blâmer, on s'acharne tellement à nous enfoncer cette idée dans le crâne... Mais quelle innocence ! Je me demande comment nous pouvons envisager que dans ce bas monde, quelqu'un qui nous correspond à la perfection nous attend quelque part, nous cherche, et qu'une fois avec elle, notre vie trouvera enfin le sens qu'elle mérite. Pour toujours.
« Quand tu le trouveras, tu le sauras, ce sera comme une évidence » Bon. Dois-je vraiment m'attarder sur ce genre de remarque ? Comment ça se passe ? Il y a les violons, les oiseaux qui s'envolent dans le ciel bleu, la douce odeur de lavande qui chatouille les narines, le cœur bat à la chamade, les mains moites, « ça y est, mon heure est arrivée, j'ai trouvé la pièce manquante à ma vie » ? A moins d'être à 14 grammes, je doute que l'on « reconnaisse » l'amour de notre vie au premier regard. Un concept ridicule en engendre un autre...

Comment peut-on vraiment croire que sur cette planète, seule une personne peut nous correspondre? Comment peut-on avoir envie de passer TOUTE NOTRE VIE avec la même personne? Comment peut-on estimer que ce schéma ne créera aucune frustration, jamais ?

Tout de même, jouons le jeu. Admettons que ça marche comme ça. D'accord, admettons que tu ais enfin réussi à obtenir la chose que tu désirais tant, ce qui te poussera à te lever le matin,  « l'amour de ta vie ». Avant ta vie, ne se résumait évidemment qu'à une série de tristesses, elle était sombre et morose, fade et sans aucun goût. Oui, avant, ta vie c'était de la merde. Maintenant, c'est autre chose. Tu es en couple, tu as un statut sociale digne de ce nom, tu es heureux/se, épanoui(e), content(e) de partager ton lit avec quelqu'un qui ronfle et qui prend toute la couverture. Oui, c'est comme ça que les choses doivent-être. Bien rangées, dans l'ordre.
Finalement, c'est comme une chanson de Calogéro, qui dit à sa poule, enfin, à la femme de sa vie qu'avant « toi c'était rien ». Sympa.
Sympa pour les ex, elles apprécieront le geste. Peut-être qu'elles croyaient que Calogero était l'amour de leur vie à elles, à l'époque. Elles seront ravies d'apprendre que ce n'était pas partagé. Elles étaient « rien ». Une préparation, un échauffement... Personnellement, je ne croirai jamais un mec qui me dira qu'avant moi il n'avait « jamais rien étreint, que du vide et du froid » (je cite). En effet, passé quatorze ans, ce genre de flatteries flirtent dangereusement avec la psychopathologie. Je n'ai pas envie d'être avec quelqu'un qui renie son passé, je n'ai pas envie qu'il me fasse croire que je lui fais découvrir le monde, j'ai envie qu'on soit content d'être avec moi. Et c'est déjà beaucoup.




Puis, je me demande, est-ce que les gens en couple avec l'amour de leur vie se disputent ? Ce doit être bien, ce doit être génial d'être avec son extension naturelle. Aucune jalousie, aucun doute, aucun détail qui nous énerve chez l'autre... Serait-il possible de se disputer avec l'amour de sa vie ? Ou plutôt, est-ce possible que l'amour de notre vie s'avère être incompatible à notre mode de vie ? Si ton mec ne fout rien à la maison, si tu dois passer derrière lui, si ta copine ne fait que sortir et boit comme un trou, tu dois faire quoi ?
Car je me demande, maintenant qu'on l'a trouvé, maintenant que Cupidon nous a élus, peut-on quitter l'amour de notre vie ? Si il est le seul, l'unique, et que nous le larguons par ce qu'il nous gonfle, que nous réservera notre avenir ? On ne pourra jamais trouver mieux que l'amour de notre vie, c'est notre destinée. Et on le sait, c'est lui. Alors, si nous le quittons,il est évident que nous finirons seuls et malheureux mangés par nos chats, incapables d'être comblés. L'horreur ! La Solitude ! Alors ça jamais ! Nous ne pouvons pas reculer ! Il faut insister, insister, insister, jusqu'à s'user. Alors tant pis si des fois ils nous traite de salope, tant pis si il ne veut pas nous présenter à ses amis, tant pis si il nous ment. C'est notre âme sœur. 




En toute logique, être amoureux, c'est censé être bien. J'ai beaucoup de mal à croire aux relations tragiques ponctuées de crises, de disputes, de violences, pour entretenir la flamme. La vie n'est pas un mauvais Roméo et Juliette. Si tu vis des moments épouvantables avec l'amour de ta vie, largue-le. Bien sur, il faut aussi savoir faire preuve de patience, prendre sur soi, faire des efforts. Mais croire que l'autre devient un tout pour nous, qu'il réussira à réparer ce qui ne marche pas chez nous, c'est la meilleure des façons de se foirer. Si l'on n'est pas capable de s'auto-satisfaire, on ne sera jamais heureux en couple. Et ce n'est pas la peine de se dire « oui mais ça c'est par ce que je n'ai pas trouvé la bonne personne ». Non. La seule personne qui sera avant tout bonne pour toi, ce sera toi.
C'est cliché, mais quand on voit l'importance que prend le couple dans notre société, comme si c'était l'élément ultime qui nous rendrait heureux, ça fait de la peine. Voir des personnes oublier leurs amis pour un coup de cœur, en voir d'autres se laisser enfermer dans une relation malheureuse par-ce-qu'ils ont peur de se retrouver seuls, c'est pitoyable. Vraiment, savoir apprivoiser la solitude, la connaître et l'aimer, c'est super.

Peut-être qu'on peut être amoureux de quelqu'un toute sa vie, je n'en sais rien. Mais une relation amoureuse ne peut pas être un but en soi. Le souhait ultime de notre vie ne peut tout de même pas être ton ménage. Je trouve tellement triste que le couple te définisse plus que ta personne, toi.
L'amour de ta vie n'existe pas, heureusement. 



mardi 19 janvier 2016

Nuit de cauchemar part II

Première partie: ici
 
C'est donc sur internet que j'ai trouvé mon poison. J'ai attendu de le recevoir avec impatience durant plusieurs jours. Tous le temps, je me faisais le même film dans la tête. « Quand il rentrera, tu auras préparé à manger, son assiette sera remplie et tu y auras ajouté ton poison. Il engloutira son plat sans se poser de question car il te fait une confiance aveugle ».
Le jour venu, tout s'est déroulé comme prévu. Je lui avais fait une blanquette de veau, et au moment de le servir, il était assis dos à moi, j'ai ouvert ma petite fiole avec le poison dedans. Ce n'était pas liquide c'était de la poudre noirâtre, comme du poivre. « Merde, il n'aime pas le poivre ! Il ne le mangera pas ». Je me décidais quand même de lui servir son assiette tout en prenant soin de ne pas me tromper de plat.
« Mais Mélanie, t'as mis du poivre, tu sais que j'aime pas ! 
-Goute avant de faire chier, tu ne vas même pas le sentir. 
Et évidemment, il a répondu :
-D'accord, chérie ».
Il a englouti le plat en précisant qu'en effet on ne sentait pas du tout le poivre. Je le voyais mastiquer, il soufflait comme un bœuf entre chaque bouchée, il sauçait, encore et encore, il absorbait, c'était interminable. Mais je supportais. « Plus qu'une demi-heure. Plus qu'une demi-heure et il va me clapser entre les doigts. J'attendrai dix minutes et j'appellerai les secours ».
Sauf que mon plan parfait a commencé à prendre une autre tournure. La demi-heure passait, et il ne s'était toujours rien produit. Je le regardais, je scrutais le moindre mouvement, le moindre mimique, rien ne changeait. Il finit par me demander :
« -Pourquoi tu me regardes comme ça ?
- Pour rien, je n’ai pas le droit de te regarder maintenant ?
-Oui, oui pardon chérie.
-Tu commences vraiment à m'emmerder avec tes « oui oui » et tes « d'accord chérie » c'est à quel moment que tu vas te demander si tes couilles sont bien accrochées, hein ? »
J'avais commencé à lui beugler dessus et il me regardait d'un air étonné, les yeux grands ouverts, il ne comprenait pas, il était comme un élève à qui l'on demandait de répéter ce que le professeur venait de dire et qui n'avait rien écouté.
« -Excuse-moi chérie, ne t'énerve pas, pardon...
-T'es vraiment qu'un gros connard de merde, tu ne comprends rien, rien du tout, et dégage de la , sinon, je te jure, je te jure... je t'enfonce cette putain de fourchette entre les yeux !
-D'accord, je vais faire un tour aux toilettes. »

Je me rendais compte de l'enfer de la situation. Ma main était crispée sur la fameuse fourchette, mes doigts en étaient devenus rougis. Sur le creux de mon assiette je remarquais le reflet de mon visage. Mes traits étaient déformés par la rage. « Il faut qu'il crève, il faut qu'il crève ». Il attendait quoi pour crever ? J'avais attendu trop longtemps, il n'allait pas continuer à me pomper l'air ce n'était plus possible. Je ruminais dans mon coin, je ruminais, je ruminais, je ruminais, et mon cerveau commençait à sérieusement s'enfumer. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, je ne sais pas par quel raisonnement j'en suis venue à ça mais j'ai fini par me retrouver devant la porte des toilettes avec le grand couteau de cuisine à la main. J'ai commencé par susurrer à la porte, demander pardon à Raphael de m'être ainsi énervée, et je lui demandais de sortir. « Tant pis, je le poignarderai », me disais-je. Mais il ne sortait pas, il ne répondait pas. Du coup, je me suis mise à tambouriner la porte, à crier, mais il ne répondait toujours pas. J'en venais à me dire que le poison avait peut-être fait effet et qu'il était peut-être mort là, dans les toilettes ? Mais si ce n'était pas le cas ? S’il se réveillait et qu'il me jouait un mauvais tour ? Il fallait que je rentre. Je commençais donc à le menacer de tout péter, de défoncer la porte. Pas de réponse. Dans un excès de rage, je parvins enfin à démonter la porte. Et là, je le retrouvais, Raphael, gisant sur le trône, le pantalon baissé aux pieds, les bras ballants, assis de travers, et les yeux grands ouverts. Je m'approchais de lui avec précaution. « Raphael ? Raphael ? » Dis-je d'une voix tremblotante. Pas de réaction. J'étais tout près de lui, je regardais ses yeux qui eux, regardaient dans le vide. Je passais ma main devant eux, aucun réflexe. Et enfin, je me mis à écouter. J'écoutais autours de moi. Un silence d'or régnait, aucun bruit, pas même un bruit de respiration... Ouf. Il était enfin mort.
Tout à coup, je sentis une main attraper mon bras. Je n'ai pas pu m’empêcher de hurler comme une dératée. C'était quoi ?? D'où ça venait ? Comment était-ce possible ? Et là j'entendis la voix de Raphael qui essayait de s'échapper du fin fond de son corps « aide-moi ! » grogna-t ‘il, sa main toujours agrippée à mon bras. Merde ! Merde, il n'était pas mort ! Mais comment était-ce possible ? Comment Raphael pouvait autant s'accrocher à la vie, en voyant ce qu'il en faisait ? Ca en était trop ! Trop ! Je n'allais pas m'arrêter en si bon chemin. C'est avec la force de mes bras que j'en finirais ! Je passais donc mes mains autour de son coup et commençais à serrer, serrer. Il devenait tout rouge, de plus en plus rouge, il commençait à virer au violet, c'était prodigieux. Mais Raphael avait des ressources et il se mit à se débattre comme un dératé. Il lançait des coups dans tous les sens, ses bras et ses jambes étaient incontrôlables, et dans un énième accès d'énergie, il réussit à m'en coller une en pleine face, qui me força à lâcher prise et m'envoya en dehors de la pièce. Je suis restée sonnée quelques secondes, quelques minutes, je ne sais pas. Ce que je sais c'est qu'entre temps, lui, avait repris des couleurs et commençait même à se mettre debout. Je ne sais pas s’il réalisait ce qu'il se passait autour de lui, je ne sais pas s’il se rendait compte de mes intentions, jusqu'à quel stade il était drogué par le poison et hébété par l'étranglement, mais je voyais qu'il reprenait des forces, et que si je ne l'assaillais pas d'un dernier coup, il en finirait avec moi. Je me suis rappelée du couteau que j'avais laissé à l'entrée des toilettes mais je ne le trouvais plus. Dans la panique il avait surement du glisser dans le couloir, je ne sais pas... Ce que je peux dire c'est que j'étais encore à terre quand il parvint enfin à se redresser sur ses deux pattes. Il était debout, là, la tête rouge comme une tomate, tout chancelant et tremblant, vacillant sur ses cannes comme une pauvre biche, le pantalon encore à ses pieds, il n'avait vraiment pas fière allure. C'est à ce moment-là, qu'il a fait un pas en avant, je ne sais pas comment, je ne sais pas par quel hasard, mais il n'a pas tenu, il a glissé et il est tombé sur le côté, il s'est cogné la tête, et a fini le visage en plein dans la cuvette des toilettes. Je l'ai vu se débattre quelques secondes, son corps se contracter et d'un coup, tout s'est relâché. A cet instant, j'ai compris que c'était bel et bien fini...
- D'accord, bien. Nous dirons simplement au juge qu'il est mort par noyade, alors, hein.

vendredi 15 janvier 2016

Nuit de cauchemar part.1


-Je dois dire quoi ?
-Recommencez depuis le début. Le moindre détail pourra intéresser le jury.
-Le début, le début... C'est assez compliqué de vraiment situer un début... On va dire que le début c'est quand notre liaison a commencé à se dégrader à Raphael et moi. Ca faisait quand même quatre ans qu'on était en couple, et on vivait ensemble depuis un moment. Mais la relation avait changé. Je devais peut-être être complètement aveuglée au début, mais les petits détails que je trouvais charmants chez lui, avaient fini par m'insupporter.
Je ne supportais par exemple, plus sa façon nonchalante de trainer des pieds. J'avais envie de lui crier dessus. « Lève tes putains de pieds quand tu marches ! ». Puis, un truc insupportable, il avait une façon de mastiquer particulièrement horripilante. J’appréhendais chaque instant où il mangerait quelque chose, j'étais par avance dégoutée par le moment où j'entendrais ce son crispant de mastication, de déglutition. J'en devenais tendue, extrêmement stressée. Et chaque repas devenait un drame. Le pauvre, je lui concède bien qu'il avait dû me voir lui tomber dessus plus d'une fois sans trop comprendre pourquoi. Mais c'était au-delà de mes forces. Puis, tous ces détails du quotidien qui s'accumulaient... Il ne nettoyait jamais les toilettes, il répondait à ses sms quand je lui parlais, il utilisait tout le temps ma brosse à dents, il me forçait à tester de la nourriture bio que je n'aimais pas... Je sais que c'est très peu mais à la longue mes journées sont devenues extrêmement pesantes. Pourtant c'était un gentil garçon, et quelque chose me retenait de le quitter. Je me disais que j'en faisais trop et qu'il fallait que je me calme. Mais ma hantise n'a fait qu'augmenter.
J'ai, plus tard commencé à me rendre compte que monsieur n'avait d'opinion pour rien. Que depuis le début il répondait « oui, oui » à tout ce que je disais, non pas par ce qu'on était en connivence totale, mais par ce qu'il ne voulait pas débattre ou tout simplement parce qu'il ne voulait pas faire l'effort de réfléchir. Constamment, il me répondait « oui, oui ». Pour tout ! « On invite des copains à diner ce soir ? » « Tu penses quoi toi de la situation en Palestine ? » « On prend un appart ensemble ? » Tous les sujets qui pourraient pousser un couple à l'échange et au débat voir même à la dispute, coulaient sur lui. Au début c'était très agréable car je pouvais faire ce que je voulais sans qu'il n'y ait trop de vague. Puis, au bout d’un moment, c'est devenu infernal. J'avais envie de le secouer, de le gifler, de le griffer, de le mordre, de lui faire mal, physiquement, je voulais l'affaiblir, afin de le voir enfin crier, qu'il ait une réaction qui lui soit propre. Je le détestais, et je ne pouvais pas le lui dire parce qu'il continuait à être accommodant. A ce moment-là, peut-être que j'aurais dû le quitter. Mais je ne l'ai pas fait. Je voyais tout mon entourage, toute ma famille, mes amis, s'extasier devant un homme aussi extraordinaire, serviable et gentil. J'avais beau insinuer aux gens que mon quotidien était épouvantable, on balayait mes commentaires d'un revers de la main. « Tu es vraiment une chieuse toi, hein ! Tu as trouvé l'homme parfait » « Il est utile, il ne te trompe pas, il ne te bat pas, qu'est-ce que tu veux de plus ? ». Du coup, j'ai fini par me sentir coupable. Coupable d'être une chieuse et une connasse, incapable de se contenter de ce qu'elle a. Et S’ils avaient raison ? Et si Raphael était l'homme parfait, et si je n'étais pas capable de l'apprécier à sa juste valeur, ça signifiait que je ne pourrais jamais trouver le bonheur ? Je ne voulais pas être considérée comme une éternelle insatisfaite. J'ai donc continué à me forcer. Chaque instant me rapprochait de plus en plus de l'hystérie. Je n'en pouvais plus, j'étais incapable de prendre une décision raisonnable.
Alors, j'ai commencé à regarder sur internet. D'abord innocemment, sur les forums, je regardais les conversations des gens. « Comment supporter son conjoint » « je ne peux plus supporter mon mari » « je n'arrive pas à quitter mon mari»
Je passais des heures là-dessus, naviguant de forum en forum...
Puis un jour, je ne sais pas comment, je ne sais pas où, j'ai vu que quelqu'un conseillait de s'en débarrasser. Ça a été une sorte d'illumination. Une bouée de sauvetage qui surgissait quand je commençais à sérieusement sombrer. Si l'on ne supporte plus la personne avec qui l'on est parti pour partager sa vie, mais si techniquement on ne peut pas le quitter, le plus simple est peut-être de se débarrasser de cette personne-là ? Puis, bêtement, j'ai commencé à me raccrocher à cette idée, « je vais me débarrasser de Raphael. Je le tuerai et ma vie rentrera dans l'ordre ». Je devais juste trouver la mort idéale qui ne laisserait aucun soupçon à mon sujet. Faire disparaître le corps me semblait compliqué. Il était plus fort que moi et je n'aurais jamais réussi à le soulever. Simuler un accident pouvait être intéressant, mais je ne suis pas née de la dernière pluie, et je savais qu'un détail pouvait m'échapper à tout moment si je lui roulais dessus en pleine nuit, ou si je le poignardais, par exemple... Faire croire à un suicide était impossible, Raphael était tellement creux et vide qu'il n'aurait jamais eu le cran ne serait-ce que de penser à cette éventualité.
Non, il fallait que je fasse passer sa mort pour naturelle. Et pour ça, je ne voyais pas d'autres solutions. Je devais l'empoisonner. J'avais entendu parler d'un poison qui dans la demi-heure qui suivait, tuait son consommateur, en provoquant une sorte de crise cardiaque. Les effets sont tellement similaires, que les médecins légistes ne vont pas chercher plus loin. C'était celui-là qu'il me fallait. La quête de ce poison a pris un peu de temps, mais c'était l'espoir quotidien qui me faisait supporter cet enfer. Les repas étaient toujours aussi insupportables, les conversations demeuraient insignifiantes, mais à présent j'avais un but. Je le tuerais.

mercredi 13 janvier 2016

2015, tu m'as fatiguée, mais tu n'auras pas eu ma peau.

Nous sommes le 13 janvier 2016. Avant hier, David Bowie est mort. Hier, j'ai encore pris un an dans la gueule.

Après des mois, des années, de doutes et de remises en question, je crois qu'il est enfin temps d'avancer et d'oser réaliser mon projet. Ici, j'écrirais.
J'espère que cette année j'aurais le courage d'accomplir ce qui me tient à cœur, malgré la peur du jugement.


Ce blog sera un laboratoire d'expériences. J’utiliserais ce lieu afin de m'exprimer sur divers sujets, mais aussi pour partager ce que j'ai écrit. Je ne connais pas le résultat, et peut-être que dans deux semaines, je fuiras, et, je fermerai l'espace.

Arme-toi de tes lunettes, de ta loupe, et bonne lecture:  ce que tu verras ici sera l'échantillon, la vitrine, la façade, le reflet, du gros projet que je prévois de lancer cette année. La suite, très vite.