Bonjour à tous,
Le livre Etats de Crises (recueil de nouvelles rédigé par mes soins) sera en vente à partir du 16 septembre 2016 dans divers points de ventes.
Si vous êtes trop loin et que vous désirez tout de même l'acheter, sur le blog (regardez la colonne en haut à droite... Coucou c'est par ici!) Le paiement est sécurisé via Paypal, no panic, il n'y a pas d'embrouille! Si vous avez un compte, vous pouvez payer via Paypal, sinon, vous pouvez le faire par carte. Le prix du livre est de 10,99 euros, et les frais de port de 2,99 euros.
Je vous informerai des différents points de ventes au fur et à mesure ici, sur le blog.
A très vite!
mercredi 14 septembre 2016
vendredi 15 avril 2016
Je me lance dans l'autoédition
http://www.kisskissbankbank.com/etats-de-crises-le-livre?ref=category
Je me lance! Je tente l'aventure du crowdfunding afin de récolter des fonds pour publier mon futur livre. Bientôt, vous pourrez me lire sur la plage, dans l'avion, sur un banc, en tout cas, sur des vraies feuilles papier...
Le livre sortira en septembre, d'ici là, il y aura beaucoup de travail...
Ce sera un recueil de nouvelles. Certaines sont déjà apparues ici, d'autres, la majorité, n'ont jamais été diffusées.
Bien sur, je continuerais à alimenter le blog, mais peut-être avec moins de régularité. Ce projet me tient à cœur, je désire tout bien faire. Et vu que je fais tout, ça fera une sacrée somme de travail.
Si vous voulez plus d'info sur le projet, n'hésitez pas à cliquer sur le lien, vous pouvez même me faire une petite contribution. Plus le résultat de la récolte sera important, plus beau sera le produit fini!
Je me lance! Je tente l'aventure du crowdfunding afin de récolter des fonds pour publier mon futur livre. Bientôt, vous pourrez me lire sur la plage, dans l'avion, sur un banc, en tout cas, sur des vraies feuilles papier...
Le livre sortira en septembre, d'ici là, il y aura beaucoup de travail...
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Bien sur, je continuerais à alimenter le blog, mais peut-être avec moins de régularité. Ce projet me tient à cœur, je désire tout bien faire. Et vu que je fais tout, ça fera une sacrée somme de travail.
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jeudi 31 mars 2016
L'amitié
Puis un jour,
l'amour frappe à ta porte. Il devient tout pour toi, tu te demandes
comment tu avais fait pour vivre sans. Tu as besoin de lui, de cet
amour au quotidien. Tu resterais avec joie sous la couette avec lui
si les obligations du quotidien ne t'en empêchaient pas. Sans que tu
ne t'en rendes compte, ta vie commence à s'organiser avec lui. Vous
prévoyez vos weekends à deux, vous vous inscrivez aux mêmes
activités. Tu l'attends quand il a des rendez-vous, tu rencontres
ses amis et lui les tiens. Mais ce que tu cherches avant tout, c'est
une proximité totale, tu veux être toujours plus proche de lui. Tu
te rends compte que tu n'es bien qu'en sa présence. Tu te projettes,
tu décides de vivre avec, tu te sens tellement épanouie à ses
côtés. C'est normal d'être fusionnel quand on est amoureux. Tu
aimerais faire savoir à la terre entière que tu vis dans une bulle
d'amour, que tu es enfin heureuse, que tu a trouvé ton binôme. Les
petites disputes du quotidien ne te dérangent pas, car tu sais qu'il
est la seule personne qui te comprend réellement. Il te connait
mieux que qui que ce soit, vous vous êtes tout de suite compris.
Pourtant les disputes sont parfois des crises d'une telle violence
que tu te fais peur. Tu cries, tu casses des objets, tu menaces de te
jeter par la fenêtre. Tu as honte après, et vous ne reparlez pas de
ces disputes, de ces moments de folie. Lui aussi se ridiculise, lui
aussi te menace de retourner avec son ex, lui aussi te dit des choses
épouvantables que tu ne mérites pas d'entendre. Malgré tout, vous
tenez. Vous pouvez tenir des années ainsi. Ce n'est pas grave, votre
couple est explosif, mais quand ça se passe bien, vous vous aimez
tant, vous êtes si heureux, que vous savez qu'au fond vous avez de
la chance de vous être trouvés. Cette relation bouillonnante et
romantique finit pourtant par s'arrêter. Votre petite bulle éclate,
et tu te retrouves seule, complètement nue, orpheline. Tu ne sais
plus ou tu habites, tu ne sais plus manger seule, tu as perdu tous
tes repères. Tu avais fondé tant d'espoir sur ton couple, tu
t'étais tellement projetée, que tu ne sais plus de quoi pourrais
être faite ta vie. Tu te sens seule et tu as envie de mourir. Tu ne
peux pas t’empêcher de pleurer, bêtement pour rien. Tu fixes ton
portable, en espérant avoir de ses nouvelles, mais il reste muet. Tu
aimerais pouvoir parler à quelqu'un, lui confier à quel point tu
souffres, mais tu ne sais pas à qui. Cet amour était la seule
personne dans ta vie. Tu as oublié tout le monde autour, tu t'es
laissée entrainer dans cette relation, sans prendre le soin de
préserver ta vie personnelle, ton « jardin secret ». Tu
vivais à travers lui, et maintenant, tu dois tout reconstruire. Tu
hésites à appeler tes vieilles amies, ça fait tellement de temps
que tu ne leur as pas parlé. Pourtant vous vous entendiez très bien
à l'époque. Tu n'as pas pris de nouvelles depuis la fois ou tu
leur avais encore fait faux bond mais que tu leur promettais un diner
chez toi d'ici peu. C'était il y a combien de temps ? Un mois ?
Tu réfléchis, tu comptes sur tes doigts. Oh, quatre mois déjà.
Mais elles te manquent tant, elles t'aideraient à remonter la pente.
Tu appelles ta meilleure amie, tu lui demandes comment elle va. Elle
te répond froidement, ne s'intéresse pas à toi. Tu es vexée, lui
dis que ça ne va pas. Tu as besoin d'elle. Elle est cruelle, elle te
dit calmement qu'elle n'a pas le temps. Tu ne comprends pas. Elle
t'explique qu'elle aussi a été mal ces dernières années et que tu
n'étais pas disponible. Tu lui dis pourtant que tu as toujours été
là, pas loin, que tu pensais beaucoup à elle, mais que tu étais
occupée dans ta relation, que les choses évoluent, que ce n'est pas
parce-que l'on se voit moins que l'on ne s'aime plus. Les relations
d'adultes sont ainsi, les amitiés de collégiennes fusionnelles ne
peuvent pas exister éternellement. Elle te raccroche au nez. Tu es
déçue. Qu'as tu fait de mal ? En te consacrant à ton couple
aurais-tu fait un mauvais calcul ? Pour toi l'amitié a
toujours été important, comme pour tout le monde, mais jusqu'à
preuve du contraire, passé l'age de la faculté, ce n'est pas avec
ses amis que l'on vit, ni avec eux que l'on fait des enfants. Les
amis c'est bien, ça nous fait rire mais ce ne sont pas eux qui vont
te faire évoluer, atteindre tes projets. Et elle, ta sois-disant
meilleure amie, qui prétend avoir beaucoup de principes, agit-elle
correctement en te laissant tomber comme une chaussette au moment où
tu se sent le plus mal ? C'est vrai qu'elle aussi s'est fait
larguer et a perdu son job. Tu en avais entendu parler. Mais si elle
ne t'a pas donné de nouvelle, tu as suppoés qu'elle gérait bien la
situation, qu'elle s'en sortait très bien. Que fallait-il faire ?
Aller la voir avec des chocolats et un paquet de mouchoirs ?
Tout de même ! Nous ne sommes pas dans une série américaine !
Tu es à présent en colère contre ton ancienne amie. Elle t'a
trahi, t'a mis un coup de couteau dans le dos. N'aurait-elle pas pu
t'écrire ou t'appeler pour prendre de tes nouvelles ? C'était
à toi de tout faire ? Elle a en effet parfois tenté de te
joindre, mais tu étais très occupée, tu décrochais peu ton
téléphone et tu oubliais de répondre à ses sms, mais savoir
qu'elle pensait à toi te faisait tout de même plaisir à l'époque
où tu étais en couple... Non. A vrai dire, tu te fichais d'avoir de
ses nouvelles. Tu te fichais qu'elle s'intéresse à toi. Tu étais
bien trop occupée à être amoureuse et à t'idéaliser une jolie
vie de couple. Tu te fichais de savoir comment elle allait. Parfois
tu pensais à elle, tu te disais que tu devais l'appeler, tu
culpabilisais un peu, puis, tu chassais cette idée du revers de la
main. Elle encombrait à ton bonheur, elle ne te laissait pas assez
de liberté. Tu n'as pas entretenu votre relation car tu n'en avais
pas envie. Mais à présent que tu te sens mal, tu te rappelles à
quel point elle t'a été fidèle, tu te rappelles que vous vous
connaissez depuis des années, et que finalement, elle te connait
surement aussi bien que ton ex. Tu te souviens qu'elle t'a fait rire,
t'a soutenue, t'a contredit quand tu te trompais, et tu as à présent
besoin de son point de vue afin d'avancer. Tu as besoin de ton amie,
tu aimerais que les choses redeviennent comme avant. Tu as fait une
erreur en la délaissant, car tu réalises tout ce qu'elle a pu faire
pour toi. Tu te dis qu'elle t'a sincèrement aimé et respecté. Que
l'amour que tu avais n'était peut être même pas aussi fort que
votre amitié. Les amis durent alors que la vie de couple peut-être
éphémère. Comment as-tu pu autant t'emballer quand tu es tombée
amoureuse ? Tu te sens ridicule d'avoir tout plaqué pour cet
imbécile. Tu te dis que finalement, de vrais amis sur qui compter
peuvent tout à fait combler ton manque d'affection. Au moins, le
temps de trouver un nouveau mec.
vendredi 18 mars 2016
Fais pas ta pute, montre moi ta chatte
Pour la petite histoire, j'ai rédigé cette nouvelle après avoir demandé mercredi dernier à mes contacts facebook de m'envoyer une photo qui les inspirait. Je suis partie de l'une d'entre elles (l'image est plus bas) afin d'en arriver là:
Au
chômage depuis trois mois, sa journée s'était organisée autour de
son rendez-vous avec sa conseillère du Pole emploi. Elle y était
allée pour lui expliquer que ses recherches étaient toujours au
point mort et qu'elle ne trouvait rien dans son domaine. Elle avait
pourtant un master en psychologie, mais même à Paris, elle n'avait
rien de convenable, hormis quelques remplacements qui ne lui
correspondaient guère. Elle essaya de prouver à son interlocutrice
que sa motivation n'était pas à remettre en cause dans sa
recherche. Elle tenta de lui faire comprendre qu'à 25 ans, devoir
retourner dans sa chambre d'ado chez ses parents n'était pas un
projet qu'elle avait envisagé quand elle avait entamé ses études.
Elle entrepris de lui prouver qu'elle préférait sincèrement se
lever pour quelque chose qui l'animait, plutôt que d'être fauchée
et rester à glander devant la télé tous les jours. Mais sa
conseillère n'écoutait rien, elle lui rappelait étrangement sa
professeur de SVT au lycée : elle ne la croyait pas réellement
intéressée et motivée par le sujet. Elle voulait la punir, ça se
voyait dans ses expressions. Elle plissait légèrement les yeux et
pinçait la bouche en l'écoutant parler. La conseillère lui
reprocha de ne pas faire de formation, et lui rappela qu'elle pouvait
tout de même faire l'effort de se trouver un petit boulot en
attendant. Elle la revoyait tapoter sur son ordinateur. « Là,
vous voyez, vous avez un poste d'agent de sécurité dans le 18ème.
Vous ferez le filtrage, des rondes d'accès... C'est un CDD, mais
renouvelable
-Ce
n'est pas ce que j'ai envie de faire, répondit-elle du tac au tac.
- Eh
bien avec tant de mauvaise volonté, ne vous étonnez pas si l'on
vous enlève vos aides au bout d'un moment. On ne fait pas toujours
ce qu'on veut. »
Elle
n'avait aucune envie d'argumenter. Elle n'avait aucune envie de lui
dire que si elle avait fait cinq ans d'études dans une filière
spécifique ce n'était pas pour faire agente de sécurité, ne
serait-ce que l'espace de trois jours. Elle avait encore une dignité,
elle ne la salirait pas pour de l'argent. Elle savait que son point
de vue était méprisé, qu'elle se faisait passer pour une feignasse
qui se laissait porter par la société, mais ce n'était pas de sa
faute si cette prétendue société ne lui proposait rien qui lui
correspondait. Elle n'avait aucune intention de se plier à ce
chantage, et même si elle souffrait de vivre chez ses parents, même
si elle se sentait vue comme une inadaptée, une marginale, comme un
gros boulait qu'il fallait contrôler et dépanner, elle se refusait
d'être agente de sécurité. Chacun son truc.
Il
était 16h quand elle quitta le Pôle Emploi et qu'elle prit le
métro, puis le RER pour rejoindre sa maison. C'étaient les heures
de pointe, mais elle était trop frustrée par son rendez-vous pour
se laisser déranger par la foule. Elle était debout, le regard posé
sur ce jeune couple qui n'arrêtait pas de s'embrasser. Elle se
sentait incomprise, et même si elle avait conscience de penser de
manière ridicule, elle trouvait que rien ne tournait rond. Elle
était une victime persécutée par le monde entier, personne ne
l'aimait. Pas de boulot, pas d'appart, pas de mec. Comment peut-on
être plus nulle ? Elle regarda son portable à plusieurs
reprises, personne n'avait pris de ses nouvelles. Elle faisait
défiler les images de son Facebook, qui la rongèrent encore plus.
Ses amis postaient des images de leurs vies bien remplies :
leurs voyages, leurs projets, leurs achats. Elle ne pouvait rien se
permettre de tout ça, elle se sentait au point mort. Elle n'avait
qu'une hâte, rentrer dans sa chambre et se cacher sous sa couette,
même si il faisait beau et chaud. Sinon, elle pouvait se prendre une
grosse cuite qui la clouerait au lit pour trois jours, ou, mieux, se
faire un marathon des quatre saisons de Newport Beach jusqu'à la fin
de la semaine. C'étaient ses deux remèdes doudou depuis presque dix
ans, et vu qu'elle n'était qu'une chômeuse, qu'une pariât de la
communauté, elle avait du temps à tuer.
C'est
à ce moment là qu'elle remarqua qu'un homme, debout face à elle,
la dévisageait avec insistance. Ce n'était pas la première fois
que ça arrivait, mais elle préféra détourner le regard. Elle
trouvait toujours ces manières très intrusives, mais elle finit par
le regarder furtivement. Il se lécha les lèvres de manière
équivoque en la dévisageant. « Beurk »-se dit-elle en
son fort intérieur « encore un pourri». Puis, elle tira sur
sa jupe, pour cacher ses jambes, comme si elle avait quelque chose à
se reprocher. Elle regardait par terre, fixait un point dans le vide,
préférant l'ignorer.
« He !
Salut toi ! T'es mignonne tu sais ! » Le mec en
question s'était mis à lui parler. Sa voix était assez forte,
quelques personnes sursautèrent étonnées, puis, repartirent dans
leurs pensées. Elle fit comme si elle ne comprenait pas qu'il
s'adressait à elle, continua de fixer son point imaginaire.
« He
ho ! C'est à toi que je cause ! Tu sais que t'es bonne
dans ta petite jupe moulante ? »
Elle
était terriblement mal à l'aise, elle farfouilla dans son sac, en
quête de ses écouteurs, afin de ne plus l'entendre parler, mais
elle ne les trouva pas. En désespoir de cause, elle repris son
portable et fit défiler ses mails pour la énième fois en vingt
minutes.
« Dis
donc ! C'est pas par ce que t'es bonne que tu dois me bêcher la
miss! Tu préfères pas que je t'amène à l’hôtel et que je te
défonce par tous les trous ? » Autour d'elle les gens
baissaient le regard, ils étaient aussi gênés qu'elle. Elle se
sentait rougir, et ses mains devinrent particulièrement moites. Elle
aurait souhaité que quelqu'un le fasse taire. Cet homme qui lisait
son journal aurait pu se lever et prendre la parole, ou même ce
groupe de jeunes qui riait fort il n'y avait même pas deux minutes,
ou ce couple qui semblait subitement absorbé par une tache sur le
strapontin. Mais personne ne dit rien.
Elle
ne pouvait compter que sur elle pour riposter :
« Laissez
moi tranquille »-Murmura t'elle.
«Sois
pas farouche, je vais m'occuper de toi comme il faut, t'inquiètes ».
« Putain,
je fais quoi ?- pensait-elle- Il me reste encore huit stations
avant de sortir, c'est l'heure de pointe, si je retourne sur le quai,
j'en aurais encore pour une heure trente avant de rentrer chez moi.
D'un autre côté, il commence à vraiment me mettre mal à l'aise ».
Il fit
un pas vers elle, il se faufilait entre les gens, il n'était plus
qu'à une cinquantaine de centimètres d'elle. Elle s'agrippa à sa
barre, elle sentait la nausée monter. « Ne t'angoisses pas, tu
n'es pas seule, il ne pourra rien faire avec tout ce monde autour.
C'est juste de la provocation, ne fais pas attention ». C'est
alors que l'homme lui saisit la main avec force. Puis, d'un geste
machinal, il lui fit faire des allés-retours suggestifs sur la barre
de métro. Elle avait beau essayer de dégager sa main, il était
physiquement plus fort qu'elle et la pression était beaucoup trop
grande pour qu'elle puisse sortir de son emprise. Elle voulait crier,
lui dire de cesser, mais elle n'arrivait pas à parler. Elle sentait
sa gorge nouée par de gros sanglots prêts à sortir. Elle détourna
le regard, les secondes devenaient interminables. Les gens atour
étaient devenus invisibles, autant que la scène leur semblait
inobservable. On aurait dit qu'il ne se passait rien d'anormal.
Le
visage de l'homme n'était plus qu'à quelques centimètres du sien,
quand il lui souffla tout en lui continuant de lui saisir la main
« Allez, fais pas ta pute, montre moi ta chatte ! »
Elle
essaya de nouveau de se dégager, elle voulait sortir à l'arrêt
suivant mais elle était glacée, comme pétrifiée. Elle avait beau
se démener, elle n'arrivait pas à reprendre suffisamment de forces
dans ce combat silencieux. C'est à ce moment là, que tout en lui
gardant la main plaquée à la barre, qu'il lui remonta la jupe, et
inséra son autre main dans sa culotte. Le geste ne dura que quelques
secondes, juste le temps d'explorer son anatomie. Pour elle, le temps
s'arrêta. Sa vue se brouilla soudainement, et elle se senti envahie
par la honte. Elle vit comme un objet, son intimité exposée à tout
le monde. Elle suppliait les gens du regard. A sa gauche, une jeune
femme assise fit semblant de dormir, et mis son pull sur les yeux,
une vieille dame sembla soudainement absorbée par son dernier roman
de Marc Lévy, et, elle remarqua un jeune costaud augmenter le son de
ses écouteurs. Personne ne réagissait. La rame était silencieuse,
paisible. Elle voyait les immeubles et les tags de la périphérie
défiler à toute allure, elle voyait les dernières lueurs du soleil
percer les nuages et se poser sur cette jeune femme au visage cachée
sous son tricot. « Achevez-moi ».
Elle
avait l'impression d'être sortie de son corps, que ce qui se passait
n'était pas réel, qu'elle finirait par se réveiller.
Le
métro s'arrêta à sa halte, l'homme sortit immédiatement la main
de sa culotte, elle baissait les yeux, elle ne voulait pas qu'il voit
qu'elle pleurait, elle ne voulait pas qu'il croit qu'il avait pris le
dessus sur elle. Elle lui aurait bien craché à la gueule, mais il
partit sans se retourner, en sifflant la marseillaise. Elle se
retrouva en plein milieu de la rame de métro, sa jupe relevée, les
jambes chancelantes, le cœur battant à la chamade. Personne n'osa
croiser son regard, personne ne lui dit un mot, personne ne lui céda
sa place. Elle finit son trajet debout, silencieuse, choquée, sa
main toujours accrochée à sa barre qu'elle avait branlé une
vingtaine de secondes. Finalement, peut-être que les gens n'avaient
rien vu ? Tout avait été si rapide, peut-être qu'ils
n'avaient pas remarqué qu'il lui avait pris la main avec force, et
qu'il avait furtivement plongé la main dans sa culotte ? Non.
Elle savait très bien que ce genre de geste n'était pas anodin, et
qu'il se distinguait des autres. Elle savait très bien que tout le
monde avait vu.
Elle
rentra chez elle salie, honteuse, coupable, en colère. Elle se
doucha plusieurs fois, se jura de ne plus jamais remettre de jupe,
puis, regarda Newport Beach.
mercredi 9 mars 2016
La lettre d'amour
Chère
Ana,
Depuis
que tu es partie, je ne suis que l'ombre de moi même. Tu n'imagines
pas à quel point j'ai honte de t'écrire ces mots, et de ne jamais
avoir réussi à te les dire en face. Mais je dois t'exprimer ma
souffrance car ces dernières semaines, j'ai l'impression d'être
dans la chanson de Sinead O'Connor, "Nothing compares to you" :
plus rien n'a de sens, je me sens vide, je tourne en rond, je n'ai
plus gout à rien. J'essaye de sortir, de voir des gens et de
m'occuper, mais la vérité est que je m'en fous. Je me fous de tout.
Je veux juste être avec toi. Tu me hantes. Tu me hantes tout le
temps. Je n'arrive pas à dormir, et quand je réussis, à force de
tourner en rond, je rêve de toi. Tout me ramène à toi. Dans tous
les détails, toutes les situations, je me dis "qu'aurait
répondu Ana, comment aurait-elle réagi?". Ton trait d'esprit
me manque, ton humour me manque. Je suis vidé, soufflé. Vraiment,
je n'ai plus de force pour avancer. On a beau me dire que le temps
aidera, pour l'instant, les jours qui passent sont plus difficiles
les uns que les autres, j’appréhende le lendemain, je suis triste
et seul.Ta peau, tes yeux, ta voix, tout me manque. Je sens
que mes doigts ont besoin de toucher ton dos, de caresser tes
cheveux. J'ai envie de passer ma tête dans ton coup, et de renifler
ton odeur. Tu me manques, putain! Je me sens stupide, de me rabaisser
à ce point, je vais te sembler pitoyable. Reprends moi Ana!
Je
sais, j'aurais du me rendre compte de la chance que j'avais, avant,
j'en ai bien conscience. La chance de t'avoir à côté de moi, la
chance de t'avoir connue et de savoir que tu m'avais choisi, je ne la
réalise que maintenant.
Oui,
oui, c'est vrai, tu m'avais prévenu, tu m'avais dit que tu en avais
assez. J'aurais du t'écouter, j'aurais du faire des efforts pour te
plaire plus, pour te séduire plus. C'est vrai que le temps est
passé, et qu'à force, j'ai oublié de te flatter, j'ai oublié de
te montrer que je t'aimais. C'est ma grande tante qui disait que
l'amour était comme une fleur qu'il faut arroser tous les jours. Je
ne l'ai pas fait, j'ai laissé la fleur faner. Mais tu ne peux pas me
dire que tu as tout oublié. Tu ne peux tout de même pas me quitter
comme ça? Je suis sur qu'au fond de toi tu m'aimes encore toi aussi.
Ana, redonne nous une chance!
Souviens
toi, quand on s'est rencontré, à quel point on était heureux.
J'étais enfin comblé grâce à toi, tu m'as tout de suite plu: j'ai
compris en te connaissant que tu serais l'élue. J'ai su que c'était
toi, la pièce qui me manquait. Je croyais que notre complicité et
notre amour étaient plus forts que tout. J'ai vraiment cru en toi,
en moi, en nous deux... Et maintenant, je n'ai que mes souvenirs pour
pleurer. Je n'ai jamais vu une fille aussi forte que toi. Tu es la
première et la seule personne que j'ai connu avec autant d'esprit.
J'ai tout de suite compris que tu étais quelqu'un de spécial, tu es
différente, et je n'ai jamais aimé quelqu'un comme toi. Tu es
d'ailleurs la seule personne que je n'ai jamais aimée, et tu es celle
qui compte le plus, je tiens à ce que tu le sache. C'est vrai que
j'ai fait des erreurs. Surtout une. De t'avoir tant aimé, d'avoir
tant voulu te donner. Mais c'est par-ce-que tu es la prunelle de mes
yeux. Tu importes plus que tout pour moi. Tu comprends ça?
J'aimerais tellement te serrer fort dans mes bras, te faire ressentir
toute ma passion... Personne ne t'aimera jamais comme je t'aime.
C'est impossible.
C'est
vrai, tu as eu raison de me faire des reproches. J'ai eu des
faiblesses. Je suis un faible et un lâche. J'ai tendance à
m'énerver facilement, et j'ai du mal à assumer mes erreurs. Mais
quand je suis mécontent je ne veux pas te blesser. Je vais changer.
J'apprends à changer. Grâce à toi, j'ai énormément évolué. Je
suis beaucoup moins nerveux et impulsif. Je sais que j'exagère,
quand tu veux rester avec moi alors que je suis avec mes amis. Je
sais que tu n'aimes pas quand je parle à d'autres filles, par ce que
ça te rend jalouse. Je devrais apprécier ces gestes d'attention. Je
me suis souvent braqué, et tu as du croire que j'étais en colère
contre toi. Mais, Ana, si tu reviens, je changerais. Tu sais très
bien que dans le fond, je ne suis encore qu'un petit garçon
désordonné. Je cherche encore mon équilibre, et tu es ma béquille.
Sans toi, je tombe. Je suis prêt à tout pour que tu reviennes, que
tu sois à nouveau mienne et pour que tu te fondes en moi, et moi en
toi.
Oui,
je suis allé trop loin, j'ai exagéré, des fois je n'ai pas
toujours été l'homme parfait. C'est vrai que parfois je t'ai poussé
à bout, mais tu m'as aussi cherché. Tu était toujours mécontente
de moi, je ne me sentais pas à la hauteur. Pourtant, j'ai essayé
d'être un bon gars, je veux être dans le vrai, et je donne. Je
donne, je donne tant que je peux, mais je n'ai aucun retour. Tu sais
que je t'aurais tout donné. Mais tu n'as rien voulu entendre.
C'était épouvantable de rentrer à la maison, par ce que tu étais
toujours là, prête à me faire un commentaire. Des fois, je voulais
seulement me détendre, boire une bière et ne pas avoir ta pression
incessante sur moi. Des fois, je cherchais à être tranquille
chez moi, et ne pas avoir quelqu'un qui me demandait des comptes. Je
ne suis plus fâché contre toi, je sais que tu es une femme
capricieuse. Mais, je te jure, que si toi, tu ne me cherches plus, je
ne m'énerverais plus. J'admets que la situation a pu déraper. Je
n'aurais jamais du déchirer ta robe la dernière fois. Comprends
bien: j'étais seulement en colère, et j'étais un peu jaloux par ce
que tous les hommes se retournent sur toi à cause de ta façon de
t'habiller, tu saisis? J'ai conscience aussi que je n'aurais pas du
brûler la photo de tes amies. Tu sais ce que je pense d'elles, mais
ce sont tes amies et pour ça, je les respecte. Je ne veux simplement
pas les voir chez moi, ni en vrai ni en peinture. Mais après tu fais
ce que tu veux, bien sur. Tu les vois quand tu veux, et tu traines
avec qui tu veux, ce ne sont pas mes affaires. C'est juste que je te
connais tellement bien, et quand je vois que tu te rabaisses à ces
filles là... Je trouve que tu vaux tellement plus qu'elles!
J'ai
honte, j'ai vraiment honte de t'avoir poussée sur la casserole d'eau
bouillante. Je te jure que je ne l'ai pas fait exprès, je ne voulais
pas qu'elle se renverse sur toi. Je n'ai jamais voulu te voir
souffrir. J'étais énervé contre toi, et tu n'arrêtais pas de
crier, du coup j'ai voulu te calmer, tu comprends. Je t'ai juste
poussée pour que tu te calmes. J'avais oublié que l'eau bouillait
derrière toi. Mais tu as vu, je m'en suis voulu. J'ai eu du chagrin
quand tu as eu mal. Alors que c'était un accident. Pardon, pardon ma
chérie. C'est la même chose pour les escaliers. Tu dis à tout le
monde que je t'ai poussée mais tu sais que ce n'est pas vrai. Tu es
partie en claquant la porte, fâchée contre moi. Je l'ai ouverte
pour te courir après, et la porte t'a poussée. Je ne savais pas que
tu étais derrière, et tu es tombée. J'ai vu que tu avais mal, et
là encore, j'ai eu beaucoup de peine, mais, ce n'est pas de ma
faute. Pourquoi t'aurais-je fait ça? S'il te plait, ma Ana, raisonne
toi, tu sais bien que je ne souhaite que ton bonheur, je fais tout
pour que tu sois heureuse, je ne t'aurais jamais fait souffrir. Par
ailleurs, j'aimerais aussi que tu cesse de dire à qui veut
l'entendre que je t'ai giflée, tu sais bien que je n'ai rien fait.
C'est toi qui a commencé à me griffer, c'est toi qui as fait une
crise de jalousie, encore, par ce que j'avais passé ma soirée avec
mes copains la veille. Et je maintiens ma position: non, tu n'as pas
besoin de savoir avec qui je reste, et qui je côtoies quand je sors.
Tu ne me fais donc pas confiance ou quoi? Tu vois, c'est pour ça que
je ne veux pas que tu viennes aux soirées avec moi ! Tu deviens
complètement parano dès que je parle à quelqu'un et, tu écoute
tout ce que les gens te disent. Par exemple, tu sais bien que mes ex
te veulent du mal, pourquoi t'obstines-tu à leur parler ?
Evidemment qu'elles te feront croire qu'elles m'ont vu avec d'autres
filles... Mes ex veulent nous détruire, elles ne cherchent pas notre
bonheur. Bref, ce soir là, je me suis juste défendu, par ce que tu
devenais incontrôlable et hystérique. Tu m'avais fait super mal à
m'enfoncer tes ongles dans la peau, tu sais que ça ne se fait pas,
ça! Donc, d'accord, je t'ai mis une gifle, mais c'était pour me
défendre, sinon, je ne sais pas ce que tu m'aurais fait. Et je ne
t'ai pas mis plein de claques, comme tu t'amuse à le dire à tout le
monde. Et ce n’était même pas la peine de prendre ton visage en
photo pour essayer de montrer les dégâts, il n'y a rien. C'est pour
ça que j'ai effacé les photos. Une joue est automatiquement rouge
après une claque. En plus, toi, tu sais que tu marque très vite!
N'essaye pas de me manipuler. Il en va de même pour la fois ou je
t'ai craché dessus. C'est toi qui t'es mise à parler à mes
copains, j'ai bien vu que c'était ambigu. J'ai bien senti qu'il se
passait quelque chose, tu ne pouvais pas me faire ça à moi. Pas
devant tout le monde. Je devais faire quoi pour me défendre ?
Je n'allais pas me laisser faire, ce n'est pas mon genre. Et
pourtant, tu vois, malgré tous tes défauts, je continue à t'aimer,
je n'arrive pas à t'oublier, je t'ai dans la peau.
J'ai
compris que tu me trouvais trop à fleur de peau, c'est pour ça que
je te promets que je ne recommencerais pas. Je ferais encore plus
d'efforts pour te ménager, par ce que quand tu n'es pas contente,
quelle furie! Mais finalement, c'est bien comme ça que je t'aime ma
Ana!
Pardon
pour ma bêtise, ça ne se reproduira plus. J'espère que maintenant
les choses sont mises au clair. Que tu comprends que j'étais en
colère, et un peu naïf.
Reprends
moi, Ana !
Julian
mardi 1 mars 2016
Ici c'est qui la boss?
- Tu
fais chier Robert, tu as encore passé ton après midi sur le canapé
à rien foutre, y'en a marre. Je me tue toute la journée au boulot
et toi tu restes, là à ne rien faire, devant tes match de foot
débiles. Tu trouves ça normal, toi, d'encore regarder Les yeux
dans les bleus en 2016 ? Hein ? Je me demande sur
quelle planète tu vis, des fois. J'espère qu'au moins mes jupes
sont repassées, sinon, je te préviens, ça va barder. Je suppose
que encore une fois, t' as rien préparé à manger. C'est pas
possible ça, c'est pas à moi de m'occuper de cette baraque, je ne
peux pas tout gérer ! Regarde-moi ça... regarde comme tout est
dégelasse. T'as jamais pensé à faire la vaisselle et à te servir
de ton aspirateur ? Ca valait bien la peine que je t'en offre
un, je me suis ruinée pour monsieur, mais ça non plus, ça ne va
pas. Tout ce que tu es foutu de faire, c'est de poser ton gros cul
devant la télé et regarder tes émissions débiles. Ah oui, c'est
sur, pour passer des heures au téléphone avec Carlos à faire des
pronostiques pour le prochain match, là y'a du monde. Mais tu crois
que c'est ça la vraie vie ? Tu crois que c'est ça qu'il se
passe dehors ? Non mais sérieusement, il faudra que tu te
réveilles un jour... C'est moi qui rapporte le fric à la maison,
si tu as un toit sur la tête c'est grâce à moi, donc tu devrais
m'être un minimum reconnaissant, et j'ai le droit d'avoir des
exigences de ta part. Toi, non seulement tu n'es pas capable
d'entretenir la maison, ou de cuisiner, mais mon humiliation ne
s'arrête pas là... Regarde toi ! Tu ne ressembles à rien !
Tu as déjà pensé à enfiler autre chose que tes joggings
crasseux ? Les chemises tu connais ? A mon travail les
hommes, les secrétaires sont tout le temps bien habillés, rasés,
en forme, ils sont agréables à voir, ils montrent qu'ils font
l'effort de nous plaire. J'ai de la peine pour toi, tes bourrelets
coincés dans ton vieux lactose tout crasseux, on dirait une grosse
truie, une vache. Ah, non, ne me regarde pas comme ça ! Tu as
pris combien depuis qu'on se connait ? Vingt kilos ? C'est
normal, ça ? Tu vas me dire que tu me respectes ? Fais du
sport, vas soulever de la fonte, merde ! Chouchoute-toi un peu !
Fais ce qu'un homme est sensé faire, rends toi beau. Je vais te dire
quelque chose, je vais être honnête avec toi : je ne te désire
plus. Quand je te vois, je ne ressens plus rien. Tu ne m'inspire
rien, pas même du dégout. C'est normal ça ?
Puis
en société parfois, j'ai honte. Quand je te sors, dès que tu
parles, tu mets tout le monde mal à l'aise. Tu le remarques ça ?
Les regards qu'on me lance ? Tu crois que ça me fait plaisir de
lire chez les autres « qu'est-ce-qu'elle fait avec ce pauvre
type, elle vaut tellement mieux » ? Tu es tout le temps
courbé, on dirait Quasimodo, on dirait que tu portes le poids du
monde sur ton dos. Dès que tu parles tu bafouilles, tu n'arrives pas
à finir un phrase... Tu me gènes, t'es un boulet. Je ne sais pas...
Sois souriant au moins ! Contente toi de donner une jolie image
de toi. Je me demande si tu es assez intelligent pour te rendre
compte de tout ce que j'ai sacrifié pour toi. J'avais un avenir
prometteur. J'aurais pu avoir n'importe quel homme, ils étaient tous
en admiration devant moi, face à mon pouvoir, face à mon charisme,
et c'est toi, oui, c'est toi que j'ai choisi, et quand je vois la
loque que tu es devenu, incapable de faire autre chose que commenter
des moteurs de voiture, ça me fait de la peine. Tu me fais pitié
avec tes petits 4x4 de merde. Des fois, je me dis qu'une bonne
torgnole pour remettre les choses en place ça ne te ferait pas de
mal. Mais après tu vas encore chialer, m'emmerder à me dire que
t'es un homme battu et toutes ces conneries, je n'ai pas envie de ça.
Moi, ce que je veux, c'est quand je rentre avoir un foyer impeccable,
la bouffe de faite, et toi qui m'attend, souriant. C'est trop demandé
sérieusement ? Quoi qu'est-ce-que tu as à chialer encore ?
Tu sais que si je te dis ça, c'est pour ton bien, pour que tu
deviennes un homme meilleur et plus utile ! Allez, maintenant,
vas enfourner le rôti que tu m'avais promis et ouvre moi une bière,
mon chéri.
mardi 23 février 2016
C'était le projet d'une vie part III
Troisième et dernière partie de notre histoire.
Part 1: Ici
Part2: Là
Part 1: Ici
Part2: Là
(cette image s'appelle photo racoleuse)
Les
autres jours à l’hôpital furent infernaux. Les visites étaient
nombreuses et j'étais fatiguée, je n'avais quasiment pas de contact
avec ce bébé, tout le monde le prenait dans les bras, tout le
temps. D'un commun accord avec Eric, nous avions décidé de
l'appeler Lucas. De toutes façons je m'en fichais. Le soir quand je
me retrouvais avec lui toute seule, je le regardais, et je voyais
qu'il me regardait. Son regard me mettait mal à l'aise. Je
n'arrivais pas à le caresser, à l'embrasser. C'était plus fort que
moi, je ne comprenais pas comment cet inconnu pouvait faire à ce
point intrusion dans ma vie. Je me sentais indigne et coupable d'agir
ainsi mais je me disais qu'il me faudrait peut-être une phase
d'adaptation, j'avais besoin de temps pour accuser le coup. J'ai tout
de même essayé une ou deux fois de le prendre dans les bras. Mais
dès qu'il était auprès de moi, il pleurait. Comme s’il ne
savait pas que c'était mon ventre qu'il avait scouaté durant neuf
mois. C'étaient les seuls moments d'intimité que nous avions. Je me
sentais de plus en plus loin et étrangère à lui, un mur
infranchissable s'était imposé entre nous deux. Pour ne pas
arranger la situation, mes collègues infirmières étaient
régulièrement présentes, et comme les autres, elles étaient bien
loin d'imaginer le chaos qui me tourmentait. Elles croyaient que
j'étais comblée de bonheur, que j'avais enfin obtenu ce que je
désirais tant. Elles me donnaient toutes des conseils pour le tenir,
pour l'allaiter, mais rien n'y faisait. Malgré mon expérience avec
les enfants d'autrui, avec celui que j'avais fait, je me sentais
comme une réelle empotée. Je n'osais parler à personne de mon
désarroi, car je me disais que je n'étais pas normale, que j'avais
un problème. Je me disais qu'il fallait que je chasse ces idées
noires, et que j'envisage les choses sous un angle plus positif. Tout
le monde voguait sur un petit nuage avec la naissance de cet enfant,
et je ne savais pas à qui je pourrais en parler. Je décidais donc
de me taire. Pourtant, le jour où Eric est allé chercher la voiture
pour nous ramener à la maison, je me suis retrouvée seule, avec le
bébé dans son couffin, à attendre devant l’hôpital. Les
infirmières m'avaient laissé ici, c'était la première fois que
nous nous retrouvions tous les deux, sans surveillance ni filet de
sécurité. J'étais terrifiée. Je voulais m'enfuir à pleines
jambes. Et ce petit être que je ne connaissais pas se mit à
pleurer, j'étais incapable de faire le moindre mouvement vers lui.
Je ne le comprenais pas, j'étais paralysée. Quand Eric s'est garé
devant avec sa voiture, je cherchais son appui son soutien.
J'espérais qu'il me fasse comprendre que lui aussi était dépassé
par les événements, que lui non plus, ne voulait pas que les choses
se passent ainsi. Que finalement on pourrait peut-être rendre
l'enfant ? Mais il a sorti le bébé du couffin qui s’est
immédiatement calmé, m'a ouvert la portière, a remis le bébé
dans le couffin. Nos regards se sont croisés. On a eu quelques
secondes de silence, où j'espérais qu'il me dise qu'il n'y
arriverait jamais, et qu'il comprenait que je n'en puisse plus. Il
m'a souri et m'a dit « Je suis l'homme le plus heureux du
monde, c'est le plus beau jour de ma vie. Pas toi ? »
C'était
le pire jour de ma vie, et j'étais la femme la plus malheureuse du
monde.
Les
jours ont suivi, je n'arrivais pas à m'accommoder de la présence de
ce petit être qui pleurait à chaque fois que je tentais une
approche. Je ne l'allaitais pas, je ne supportais pas qu'il touche
mes seins. Des seins que je ne supportais d'ailleurs plus. Ils
étaient gros, recouverts de veines bleues hideuses. J'avais des
tétons énormes, comme les pies d'une chèvre pleine de lait.
Regarder mes seins me rappelait mon statut de mammifère, et ça me
dégoutait. Mais, j'étais encore plus gênée par l'état de mon
ventre. Je n'arrivais pas à perdre mes kilos en trop, moi qui avais
toujours eu la taille fine, avais un énorme ventre mou, gras et
difforme. Eric avait beau me dire que ça reviendrait, que de toutes
façons, ce n'était pas important, j'avais donné la vie, j'avais
fait le plus bel acte du monde, il n’empêchait que quand je me
retrouvais face au miroir en sortant de la douche, je ne me
reconnaissais pas. Je n'arrivais pas à m'approprier ces formes qui
n'étaient pas à moi. Je me pinçais, je roulais les bourrelets,
j’aplatissais, il n'y avait rien à faire, ils étaient bien là,
et ne semblaient pas prêts à partir. Je me tartinais de crèmes
contre mes vergetures, contre la cellulite de mes cuisses, je me
massais, mais les semaines et les mois passaient, et mon corps
continuait à ressembler à un corps de femme qui avait souffert, et
qui n'arrivait pas à retrouver son état normal. J'essayais de faire
du sport, mais avec ce bébé sur les bras, je n'avais pas de temps
pour moi. Evidemment, je ne supportais pas qu’Éric me touche,
j'avais l'impression qu'il ne caressait que des parcelles de graisse,
et je voulais m'entortiller dans les draps pour qu'il ne me voit pas
ainsi. Il avait beau être patient et rassurant, je n'arrivais pas à
m'accepter, je ne me tolérais plus. Le fait est que je me détestais
autant physiquement que psychologiquement. Comment était-ce
possible ? Avais-je passé tant de temps à courir après cet
enfant si désiré, pour finir par le rejeter ? J'aurais aimé
partir, au moins aller travailler pour me changer les idées, mais,
j'étais nuit et jour coincée avec Lucas, en congé maternité.
J'essayais de faire des allusions à mon entourage mais les gens me
disaient gentiment, pour me rassurer, que j'étais faite pour être
mère, que des fois je pouvais faire quelques maladresses, mais que
ça viendrait. Les mois passaient, la routine s'installait, Eric
était, comme prévu, un père génial, très à l'écoute de
l'enfant. Quant à moi, je continuais à être malheureuse, incapable
de comprendre pourquoi. J'étais une vieille de trente et un an,
encombré par un bébé qu'elle s'était fantasmée. Moi qui étais
si douée avec les enfants des autres, celui-ci, je voulais le
ramener au magasin, comme un jouet qu'on ne veut finalement plus. De
plus, l'engouement autour de nous s'essoufflait, nous avions de moins
en moins de visites et j'avais donc de moins en moins de gens à qui
me raccrocher. Mes journées étaient réduites à une activité :
regarder mon bébé pleurer. J'avais passé ma vie persuadée que la
maternité me comblerait. Depuis toute petite j'avais grandi avec la
conviction qu'avoir un enfant serait l'objectif de ma vie, celui qui
me rendrait enfin complète et épanouie. Pas une seconde je n'avais
imaginé que ce désir ne me correspondait pas. Je m'étais méprise,
et quand j'envisageais l'avenir, je me voyais à la merci de ce
gamin, qui m'en demanderait toujours plus, et dont je ne pourrais
jamais me débarrasser. Paradoxalement, je n'éprouvais pas de haine
envers Lucas. Le pauvre, il n'avait pas demandé à être là... Mais
je me reprochais de m’être accrochée à ce désir toute ma vie,
pour me sentir si mal face à cet enfant. Je réalisais qu'il serait
le centre du reste de mon existence, et que j'abandonnais
définitivement ma liberté. Jusqu'ici je n'avais jamais réalisé à
quel point j'étais libre. Libre de rencontrer qui je voulais, libre
de faire les études que je voulais, libre de voyager, de sortir, je
n'étais responsable que d'une personne : c'était moi. Et je me
rendais compte que je n'étais pas prête à faire tous les
sacrifices nécessaires, que je n'avais pas fini d'être égoïste,
que je voulais encore être ma priorité. Je ne pouvais plus laisser
les angoisses m'envahir la nuit venue, je ne pouvais plus suffoquer,
en imaginant que dorénavant, je me promènerais avec ce caillou dans
la chaussure, que c'était irrémédiable.
J'avais
envisagé de fuir pour le Mexique, recommencer une nouvelle vie sous
une fausse identité, mais je n'étais ni assez folle, ni assez
lâche. Je savais clairement que la vie que je m'étais élaborée,
planifiée, organisée, ne me convenait pas, mais je ne pouvais pas
m'esquiver, les remords me hanteraient. Je suis retournée voir mon
psy, seule cette fois-ci. Il me parlait du baby blues, de dépression
post accouchement, il disait que c'était bien plus commun qu'on ne
le pensait, mais je savais que mon malheur allait au-delà de ses
théories toutes faites, et ne se résumait pas à l'accouchement.
Quelles
pouvaient être les solutions qui m'auraient permis de m'en sortir ?
Il fallait que j'arrête de me mentir et de mentir aux autres, je
devais accepter mon mal-être. Je dus prendre mon courage à deux
mais, et dis alors à Eric que je ne pouvais pas vivre avec cet
enfant, il fallait que je parte. Il croyait à une blague, il pensait
que je bluffais, il était tellement dans sa bulle, qu'il n'avait
rien perçu. Ou alors, s'était-il depuis le début voilé la face ?
Il pensa d'abord que c'était une crise passagère, il croyait que je
reviendrais. Je l'espérais aussi. Mais je savais que non. J'aimais
Eric, j'aimais Lucas, mais je ne voulais pas vivre avec eux. Je
n'étais pas capable de m'engager en tant que mère, je ne voulais
pas me lever tous les matins avec eux, je me sentais prisonnière
dans une vie qui ne me correspondait finalement pas. Nous avons fini
par divorcer. Eric m'en a voulu, je n'ai pas pu le lui reprocher.
J'étais là financièrement, je voyais Lucas de temps en temps, mais
je gardais mon indépendance, je ne m'impliquais certainement pas
suffisamment dans son éducation selon la bienséance, mais
j'apprenais à enfin m'écouter. Le pire a été le jugement des
autres. Au début tout le monde a pris ça pour une crise, un
burn-out, ou je ne sais quoi... Personne n'a supposé que j'étais
sérieuse et que j’essayais de retrouver ma place. De nos jours,
une femme qui quitte son mari et son bébé, sans raison apparente,
je n'étais pas battue, je n'étais pas amoureuse de quelqu'un
d'autre, ne peut-être qu'une folle ou une vraie salope. Je me
sentais coupable de mon choix, je m'en voulais d'abandonner mon fils
et je me disais qu'à cause de moi il passerait des années en
thérapie. Mais que devais-je faire ? Rester là et être
malheureuse, finir par me tirer une balle dans la tête ? Faire
une crise de folie et découper mon mari et mon fils avant de mettre
ma tête dans un four, pour finir dans la page « faits divers »
du journal local ? Mon choix a sans doute été vu comme
égoïste, mais je n'étais pas heureuse, malgré la pression
sociale, les remarques, les méchancetés de ma famille, de mes amis,
de mes collègues, des inconnus, je n'ai jamais voulu retourner en
arrière. Eric a souffert, mais il a fini par s'en remettre, et, il
a, comme prévu été un excellent père avec Lucas.
Aujourd'hui,
Lucas est un gentil et intelligent garçon de douze ans, il est
équilibré et heureux. Je le vois tous les weekends et une semaine
sur deux pendant les vacances. On peut me considérer comme une mère
indigne, pourtant, je ne l'ai jamais autant aimé.
FIN.
vendredi 19 février 2016
C'était le projet d'une vie part II
Pour comprendre la seconde partie, il faut lire la première partie, qui est ici.
Mais
alors pourquoi ? Pourquoi était-ce si compliqué ?
Qu'avions nous fait de mal ? Le docteur nous expliqua qu'à ce
niveau-là ce n'était plus de son ressort et que le problème était
psychologique, qu'il devait y avoir un blocage quelque part. Je ne
comprenais pas. Quoi comme blocage ? Insinuait-il que je faisais
semblait de vouloir un enfant ? Que ce n'était pas mon souhait
le plus cher ? Il m'expliqua qu'à force de penser à ça je
faisais une obsession et une fixette. Il fallait que je prenne du
recul et me relaxer. Alors, si je comprenais bien, si je n'arrivais
pas à faire d'enfant à Eric, c'était à cause de moi. Parce qu'en
souhaitant trop notre bonheur je l’anéantissais... ? Tout
était de ma faute. Je n'avais jusqu'ici jamais autant pleuré de ma
vie. Ma vie était un échec. J'avais vingt neufs ans, et toujours
aucun enfant à l'horizon. Pourtant, dans mon entourage, ceux qui
n'avaient à vingt-cinq ans aucune ambition, aucun projet d'enfant,
commençaient à en avoir. Je voyais des gros ventres partout, toutes
mes copines étaient enceintes, sauf moi. J'étais frustrée,
malheureuse, mais je persévérerais, je n'abandonnerais pas, sinon
ma vie n'aurait aucun sens.
Afin
d'arranger la situation, et sous conseil de mon entourage, nous
décidions d'aller voir un psy, Eric et moi. Le psy remarqua que
notre couple désirait vraiment un enfant et constata mon anxiété.
Il remarqua qu'en me mettant trop de pression, je m’empêchais
d'accomplir mes objectifs essentiels. Il me suggéra quelques
exercices de relaxation et de moins planifier, organiser nos ébats
amoureux. Il me conseilla de prendre mon mal en patience, et de
laisser faire le temps.
J'accomplis
donc régulièrement ces séances de respiration et de yoga dès que
je me sentais trop stressée ou angoissée. Mais, je ne pus me
résoudre à arrêter d'arranger, cadrer, coordonner tout le reste.
Le
temps était long, mais j'arrêtais de me plaindre et de me lamenter
sur mon sort. Je commençais à accepter que oui, en effet, parfois
on ne pouvait pas avoir la main mise sur absolument tout, et qu'il
fallait laisser une place au hasard. C'était très dur. Mais après
tout, j'étais en bonne santé, bien entourée, avec un métier qui
me plaisait, le reste viendrait surement naturellement.
Je me
disais que, quoi qu'il arrive, le jour où ça arriverait, quand je
serais enceinte, de toutes façons, je le sentirais, par ce que je
savais que j'avais un sixième sens. Alors, le jour où j'ai fait ma
visite médicale du travail, je ne m'attendais pas à vivre une telle
surprise. Comme la procédure le demandait, je devais uriner dans un
flacon. Le docteur me demanda de patienter dans la salle d'attente
afin d'analyser les premiers tests urinaires. Quand enfin il me fit
rentrer dans son bureau il m'expliqua que tout semblait aux premiers
abords de bien aller, mais que j'aurais pu le prévenir avant que
j'étais enceinte. J'étais enceinte. Enceinte. Ces mots résonnaient
dans ma tête. Il devait y avoir une erreur, je n'étais pas
enceinte, je ne sentais rien.
Pourtant
les résultats étaient évidents, et après une prise de sang, la
réponse était claire, j'avais enfin quelque chose dans mon utérus.
Le miracle s'était produit ! J'étais tellement heureuse !
J'attendis toute la journée qu’Éric rentre du travail pour lui
annoncer la nouvelle : Nous allions avoir un bébé ! Nous
allions enfin avoir notre Maria ! Il était ému aux larmes, et
n'arrêtait pas de parler. « Il faut que nous préparions la
chambre du bébé, il faut dès maintenant lui chercher une crèche
ou l'inscrire, tu sais tout est très demandé, il faut aussi
prévenir la famille et les amis ». Oui, oui, oui ! Il
fallait tout préparer pour l'arrivée de la petite Maria.
Les
neuf mois qui ont suivi m'ont pourtant bien fait déchanter, et mon
euphorie s'est complètement évanouie. J'ai fait partie de ces
femmes qui étaient terrassées par d'horribles nausées toute la
journée. J'avais grossi comme une loutre par ce que je faisais de la
rétention d'eau et à partir du 6ème mois, je ne pouvais plus
m'asseoir dans la baignoire par ce que mes deux cuisses touchaient
les côtés. Je ne pouvais plus aller travailler, d'une part les
odeurs me faisaient vomir à tout bout de champ, d'autre part,
j'avais de sérieuses difficultés à me mouvoir. Enfin, à cause des
nuits atroces que je passais, je manquais cruellement de
concentration et de sommeil. Après plusieurs bourdes au travail,
j'ai donc été arrêtée au bout du quatrième mois. Je me disais au
début que je pourrais profiter de ce temps libre pour peindre la
chambre de Maria en rose, pour faire des balades en forêt, préparer
des petits plats... Mais non. J'étais tellement fatiguée que je
passais mes longues heures libres à me trainer entre le canapé et
le lit, le lit et le canapé, tentant désespérément de trouver une
position confortable. J'avais mal au dos, mon ventre me tirait
constamment et j'avais d'atroces pulsions de sucré que personne ne
pouvait assouvir par ce que j'étais toute seule coincée chez moi
alors que tout le monde travaillait. Je m'ennuyais comme un rat, je
regardais la télé mais à chaque fois je finissais par avoir envie
de jeter la télécommande à travers l'écran tellement ça
m'agaçait. J'attendais impatiemment qu’Éric rentre à la maison,
qu'il me raconte toute sa journée, je voulais tout savoir en détail,
pour avoir un contact avec l'extérieur et la réalité. Moi, je
n'avais jamais rien à lui raconter. Maria bougeait peu, et quand
j'essayais de lui parler, comme on voit dans les films, je me sentais
mal à l'aise. J'avais du mal à me sentir connectée à ce bébé.
Je n'en ressentais que les effets secondaires désagréables, mais
malgré ma fatigue j'étais heureuse, par ce que je savais qu'après
cette épreuve, j'aurais mon enfant entre les bras. Bien entendu, le
jour venu, je n'ai pas voulu connaître le sexe de mon enfant,
c'était inutile, je le savais déjà, je le sentais, ce serait une
petite fille. Ce ne pourrait pas être autrement. S’il y avait bien
une évidence dans toute cette histoire, c'était celle-là.
Le
jour de l'accouchement devait être une délivrance après neuf mois
fatigants, difficiles et ennuyeux. J'avais hâte que ma nouvelle vie
commence enfin, et je voulais par ailleurs expulser ce bébé qui
était resté bien trop longtemps au chaud. J'en avais marre de
ressembler à une grosse truie bardée de vergetures, je voulais
reprendre forme humaine. Malgré mes connaissances en la matière,
l'accouchement fut long et laborieux, le docteur peu délicat, ne
voyait pas l'utilité de me prévenir lorsqu’il prenait une
décision concernant mon corps, et qu'il enfournait sa main entière
dans mon vagin. C'était extrêmement désagréable. Je comprenais
beaucoup mieux ces femmes qui en plus de la douleur devenaient
violentes et insultantes car elles se sentaient violées dans leur
intimité.
Enfin,
bien plus tard, après des heures d'efforts de douleur, de sang et de
transpiration, la délivrance vint. J'entendis les cris de mon bébé,
et je n'en pouvais plus, je ne désirais qu'une seule chose :
dormir. Je n'avais aucune force pour appréhender la chose, et même
si l'excitation était forte, la fatigue prenait le dessus. Après
l'avoir nettoyé, les infirmières vinrent le poser sur mon ventre
disant cette phrase : « Félicitation, c'est un garçon !
Comment allez-vous appeler le petit bonhomme ? » Un
garçon ? Il devait y avoir une erreur. Je levais la tête et
vérifiais sur son corps. Il n'y avait pas de doute, Maria était un
garçon. Je regardais l'infirmière, son stylo à la main, prête à
remplir sa fiche. Je n'ai pas été capable de répondre, je me mis à
éclater en gros sanglots. Eric, qui se tenait à côté de moi, lui
dit que nous n'en avions pas encore parlé, que nous n'étions pas
encore surs. Tout le monde prenait mes larmes pour des pleurs de joie
et d'émotion, mais il n'en était rien. Je pleurais par ce que
j'étais déçue. Eric prit le bébé dans ses bras et colla son tout
petit visage face à moi histoire que je le regarde bien. La petite
crevette faisait des grimaces de nouveau-né, et je me mis à
l'observer plus attentivement. Eric avait les yeux brillants, ne
pouvait s’empêcher de sourire, toucher le bébé. « J'ai un
fils, j'ai un fils ! » s'exclama t'il. Je le regardais, je
regardais ce bébé sans nom, blond aux yeux bleus, et je fondis en
larmes de plus belle : « oui, et en plus il te
ressemble ! ».
Ce n'est pas fini, la suite, mardi prochain!
mardi 16 février 2016
C'était le projet d'une vie part I
Pour
moi, les choses ont toujours été très claires. Depuis petite, je
savais de quoi mon avenir serait fait, et comment il serait tracé.
Particulièrement concernant ma vie affective. Il était évident que
j'aurais mon premier enfant à 26 ans, une petite fille, Maria et,
qu'ensuite j'en aurais un second à 28 ans, un garçon, Leo. Tout se
passerait comme je l'avais programmé. Je voyais en la maternité
quelque chose d'absolue, de simple, et l'éducation de mes enfants se
ferait naturellement, sans entrave. Contrairement à beaucoup
d'autres, je n'avais aucune peur. Non, je n'avais pas peur du danger
qui pourrait getter nos enfants, je n'avais pas peur des maladies, je
n'avais pas peur de l'adolescence, ni de leur avenir incertain, ou
qu'ils sombrent dans les drogues, l'alcool ou la déchéance.
J'abordais le fait d'être mère avec sérénité, car je savais
pertinemment que j'étais faite pour. J'avais beaucoup de mal à
comprendre ces femmes qui ne voulaient pas d'enfant, ou qui ne se
sentaient pas prêtes. Une femme est biologiquement faite pour ça.
Elle est faite pour avoir des enfants, donc c'est dans toutes ses
fibres qu'elle doit se sentir mère. C'est ainsi que je percevais les
choses.
A
l’âge de vingt-trois ans je devenais infirmière en puériculture,
et malgré la difficulté de la tâche, la proximité avec les mamans
et les nouveaux nés, m'enrichissaient et m'apportaient toute
l'énergie positive dont j'avais besoin pour accomplir mon petit
dessein. A l’âge de vingt-quatre ans, je rencontrais l'homme qui,
je le décidais, serait l'homme de ma vie et le père de mes
enfants : Eric. C'est ainsi, je n'avais pas eu besoin de le
chercher, il s'était imposé comme une évidence. Il correspondait à
tous mes critères : gentil, attentionné, disponible,
ambitieux, stable et capable de gérer les situations compliquées.
Le fait d'avoir un premier enfant s'est vite imposé à nous, mais
nous préférions attendre un peu et ne pas se précipiter. Eric me
permettait de prendre mon mal en patience. Selon moi, il fallait
attendre le temps de se connaître, d'emménager ensemble, de se
marier, et nous pourrions avoir notre premier enfant. Nous
arriverions donc à l’âge de 26 ans, comme je l'avais prévu. Nous
avons donc acheté un appartement avec deux chambres, nous nous
sommes mariés en grandes pompes à la mairie de mon village, et
avons sérieusement planifié nos projets d'avenir. Tout le monde
était impressionné autour de moi par la manière dont je gérais ma
vie. J'étais maitresse de mon destin, et je tenais les rênes telles
que je le souhaitais. J'avais d’ailleurs du mal à comprendre
comment à mon âge certains pouvaient être aussi paumés, sans
emploi, à sortir tous les deux jours. La vie, ce n'était pas ça.
Il fallait être rigoureux et stratège pour atteindre ses objectifs.
Une fois que l'on avait compris ça, le plus dur était fait, il
suffisait de suivre la ligne que l'on se traçait, et de s'y tenir.
C'était la seule façon d'y arriver.
Bien
que comblée par notre vie à deux et par mon mari, quelques mois
après notre mariage, je lui soumettais l'idée d'avoir un enfant. Il
ne réagit pas comme je le souhaitais et me dit d'attendre un peu.
Nous venions de nous marier, et il voulait profiter de notre couple
avant qu'un enfant vienne tout chambouler. Attendre ? Mais
combien de temps ? Je ne pouvais pas attendre ! Si nous
nous marrions, c'était évident que le but était d'avoir des
enfants, non ? Sans cesse je lui répétais que je voulais un
petit bébé de lui, et à chaque fois, il me disait qu'il voulait
attendre, qu'il n'était pas tout à fait prêt. Il se défilait !
Pourquoi m'avait-il épousé alors ? Pour passer nos soirées à
se regarder dans le blanc des yeux ? Non, il m'en fallait plus.
J'ai attendu, les mois passaient, j'arrivais au dernier trimestre de
mes 26 ans, et j'essayais de me rassurer, en me disant que 26 ou 27
ans pour avoir un enfant ce n'était pas une grande différence, que
mes objectifs n'étaient que peu chamboulés. Mais l'année de mes
27ans est arrivée, les mois ont avancé, et mon mari ne ressentait
toujours pas mon envie qui se transformait en obsession. Je lui mis
un ultimatum : soit on fait un enfant, soit je divorce. Je
savais que c'était assez mesquin car il n'avait aucune envie de
divorcer, et moi non plus, pas après tout ce que nous avions
construit, mais je me disais que c'était la solution pour lui faire
un électrochoc. Dans ma tête, quand je lui fis ce chantage
affectif, je n'eus en aucun cas l'idée de le concrétiser. Divorcée
à moins de 30ans, et puis quoi encore ? Le fait est que la
menace eut l'effet escompté, et après quelques jours de réflexion,
des jours qui furent longs, lourds, où la communication était
compliquée, car mon mari se sentait pris en otage, mais, où moi je
me sentais malheureuse, il finit par accepter que nous ayons notre
premier petit bébé. Enfin, j'allais avoir ma petite Maria à serrer
dans mes bras ! Je l'imaginais tellement bien ! Elle me
ressemblerait. De grands yeux noisettes, des taches de rousseur sur
sa petite frimousse et de longs cheveux frisés et bruns. Une petite
moi que je pourrais habiller comme je le souhaite. Elle sera pleine
d'entrain, de bonne humeur, toujours joyeuse mais très timide avec
les inconnus. Une gamine affectueuse, qui aimera aller à l'école et
aura plein de petits camarades à qui je ferais des pâtisseries le
weekend. Je l'avais tellement imaginée durant toutes ces années,
que je savais exactement à quoi elle ressemblerait.
J'avais
arrêté de prendre la pilule le jour où Eric m'avait dit qu'il
était d'accord. Je savais qu'il faudrait peut-être quelques mois
avant de tomber enceinte mais dans certains cas, ça marchait très
vite. Nous nous sommes attelés à la tâche avec beaucoup
d'application. J'avais lu des livres sur les positions conseillées,
les horaires idéales, et je connaissais ma date d'ovulation de
chaque mois par cœur, sans avoir à y réfléchir. Le plan était
infaillible, avec une telle énergie, quand j'allais avoir 28 ans,
Maria serait dans mes bras. Nous avions déjà deux ans de retard sur
le programme, il fallait faire vite.
Pourtant,
au bout de six mois, il n'y avait toujours rien. Au début, malgré
mon empressement, je me disais que c'était normal, j'avais pris des
hormones pendant un moment, mon cycle devait se recadrer. Mais six
mois, à ne penser qu'à ça, c'était long. Je commençais à
m'inquiéter, à interroger mes collègues : faisais-je tout
bien ? Fallait-il manger des aliments en particulier ?
Faire plus ou moins de sport ? Je ne comprenais pas.
J'échangeais avec certains docteurs qui me disaient qu'à mon âge,
en étant en bonne santé, les choses iraient toutes seules. Les mois
continuent pourtant à s'écouler, et il n'y avait toujours rien dans
mon ventre. Comment était-ce possible ? Je devenais déprimée
et colérique, je ne pensais qu'à ça, je ne comprenais pas pourquoi
moi, je n'avais rien alors que des connasses tombaient enceintes
comme elles baissaient leurs culottes pour aller aux toilettes.
C'était injuste. Certaines avortent car elles n'en veulent pas et
moi, qui en crevais d'envie, n'avais rien. Je ne pouvais plus
accepter la situation, et décidais qu'il en était assez, j'emmenais
Eric pour faire une batterie d'examens, peut-être que son sperme
était pourri ou que mes ovaires ne marchaient pas. Nous sommes allés
voir des experts en fertilité, qui nous ont pris en charge, qui ont
tout analysé en détail et ont étudié chacune des éventualités
possibles. Le jour du résultat je croyais que j'allais mourir
d'angoisse. Je n'avais jamais pensé que je pourrais être stérile,
ce n'était pas dans mes plans. Qu'allais-je pouvoir faire, moi qui
voulais plus que tout sentir un enfant grandir dans mon ventre ?
Mais les bilans étaient sans appel : ni Eric ni moi n'avions le
moindre problème. Nous étions les deux parfaitement sains, et il
n'y avait aucune incompatibilité possible. Tout fonctionnait à
merveille là-dedans.
vendredi 12 février 2016
La Saint Valentin: une bonne occasion de te rappeler ta condition féminine
(Ah quand même! Enfin des conseils pertinents!)
Ca y
est, la Saint Valentin arrive! C'est le jour le plus romantique de
l'année, tu n'as pas intérêt à te planter. Fais-toi belle pour
ton chéri, casse ta tirelire pour une robe, et fais toi offrir des
fleurs ou un restaurant. Si tu n'as pas de mec, ce n'est pas bien
grave ! Enfile ta plus belle tenue, arme-toi de ton plus beau
sourire et vas arpenter les bars pour te trouver un mec qui daignera
bien te ramener dans son pieu
te comblera de bonheur.
Mais surtout, ne la ramène pas.
Tu te dois d'être une jolie poupée, un beau bibelot de décoration,
un objet sexuel.
Tu dois apprendre à te rendre désirable aux yeux des autres, et tu
sais bien que quand tu parles, ça n'intéresse personne. Fais un
effort, prends toi en mains ! Prends du temps pour soigner
chaque détail, car si quelque chose dépasse, on t'attendra au
tournant, et tu ne l'auras pas volé. Les hommes te trouveront moche,
et ce sera bien fait pour toi. Les femmes se moqueront de toi, au
fond tu les rassureras par ton manque d'effort, par ta
laideur.
Bien sûr que c'est très grave de s'en foutre de son apparence. Tu
es une femme, tu es faite pour t'intéresser aux chaussures, à ton
ventre, à tes rides. C'est dans tes gènes, tout ça. Ca sert à
quoi de prétendre avoir un doctorat si tu n'es pas foutue de te
vernir les ongles correctement ? Si une fille intelligente était
séduisante, ça ce saurait. Qui rêverait d'être un rat de
bibliothèque, mal coiffé avec des vêtements déformés ?
Personne, nous sommes d'accord. En toute sincérité, ton opinion, on
s'en fout. On s'en fout que tu ne sois pas contente, on s'en fout que
tu revendiques quelque chose, on s'en fout que tu ais des
aspirations. Tu es femme, tu es objet de désir, donc profite !
Use de tes charmes pour arriver à tes fins avant de devenir une
vieille peau ! Mets-toi un soutien gorge push up, fais toi
refaire le nez, épile toi les jambes, et vas conquérir le monde sur
tes hauts talons ! Mais oui, chérie ! Le monde est aux
pieds de tes Louboutins ! Tant que tu fermes ta gueule bien
entendu. Si tu veux plaire, contente toi de sourire. Acquiesce et
souris. Ne t'intéresse pas à ce que disent les hommes. Tu risques
tout d'abord de ne rien comprendre, puis, tu vas les déranger. Ne
fais pas de vague, ne t'oppose pas. Laisse faire les autres.
Bonjour, je suis une femme et j'aspire à constamment à des cadeaux liés à mon apparence.
Tu
imagines ce qui pourrait arriver si les gens se rendaient compte que
tu avais une capacité de réflexion ? Tu penses au désordre
que ça provoquerait? Tu passerais tout d'abord pour une
hystérique, une emmerdeuse... l'enfer ! Tu crois être capable
de supporter ça, d'assumer ça ? Tu ne veux tout de même pas
être considérée comme un homme ? Sois-lucide voyons !
L'homme, au quotidien est considéré comme un sujet à part entière,
pas comme un objet, une potiche. Il doit faire face à des choses que
tu es incapable de concevoir. Il se doit de décider, s'investir,
partir, travailler, de diriger, de se mouvoir, il doit réfléchir.
Sois raisonnable, tu ne peux pas faire ça. Tu es une femme. Tu es
belle, ton corps est amour et sensualité, c'est tout. N'oublie pas,
n'oublie jamais que tu es toujours, continuellement, un objet sexuel.
C'est ainsi que tu es née, ça ne changera pas.
(Ferme-la, pose pas de question, vas faire des petits gâteaux en forme de cœur)
Sinon ? Prends conscience que tu es appréciée comme objet
sexuel, et exiges d'être considérée dans ton entité, ta capacité
de réflexion incluse. Prête attention aux regards faussement
bienveillants de certains hommes quand tu revendiqueras ta position,
remarques comme tu es toujours infantilisée. Souviens toi des
commentaires positifs, comme négatifs, qu'on se permet de faire sur
ton physique, et demande toi si tu les aurais faits à un homme.
Accepte d'avoir envie de séduire, ne t'en justifies pas. Jamais.
Mais refuse d'être réduite à ça. Refuse d'être un bout de viande
qu'une bande de chiens errants s'arracheraient. On peut avoir envie
de séduire sans avoir envie d'être agressée, ou d'être une
marionnette.
On peut accepter d'être objet sexuel dans sa vie privée, comme un
homme peut faire ce choix, mais on doit revendiquer d'être un sujet
à part entière avec un cerveau, des idées et des projets.
mardi 9 février 2016
Le producteur de musique de merde part II
Pour la session de rattrapage, c'est ici. (sinon tu risques de ne rien comprendre...)
Merde,
pourquoi elle l'ouvre maintenant celle-là, tout était si parfait !
En plus ce genre de phrase, je les vois venir à 10 000 kilomètres,
elle va commencer à me casser les couilles. Ca y est, elle va me
sortir les mêmes conneries que toutes les autres connasses que j'ai
pu me taper. Putain, toutes les mêmes, des vraies sangsues, tu leurs
donnes tout ce que t'as, ça ne suffit jamais. J'essaye de garder mon
sang froid, j'essaye de déglutir sans trop faire de bruit ni bouger
la pomme d'Adam. Je ne veux pas qu'elle démasque ma surprise.
-Je
t'écoute ma Suzzie.
-Avant
d'aller plus loin j'aurais quelque chose d'important à te dire,
peut-être que tu aimerais arrêter la voiture ?
Mais
qu'est-ce qu'il lui prend à celle-là à me donner des ordres ?
M'arrêter ? Et puis quoi encore ? Elle commence à
vraiment à me taper sur le système cette salope, qu'elle crache sa
connerie, ce n'est pas elle qui va me traumatiser j'en ai vu
d'autres. Je suis tellement scandalisée, que je ne réponds pas. Je
la laisse continuer.
-Tu ne
veux pas... Bon, tant pis. - Je la vois se pencher dans son sac
prendre son étui à lunettes – je vais donc prendre le temps de
discuter un peu, mais après, il faudra que tu fasses ce que je te
dis.
C'en
est trop, si elle me reparle comme ça, je la jette de la
décapotable. J'accélère, et j'augmente le son, Je n'entends plus
que Tiziano Ferro dans mes oreilles à présent.
Elle
baisse le son. Emmerdeuse.
- Pour
commencer tu vas arrêter de m'appeler Suzzie, mon prénom c'est
Suzanna, ok ? Maintenant que c'est clair, tu vas fermer ton
clapet et m'écouter gentiment. Oui, pour une fois tu vas écouter ce
qu'on te dit et tu vas apprendre à te taire. Parce qu'avant que tu
crèves, il faut absolument que tu saches pourquoi je vais te buter.
T'es qu'un gros connard de merde. Un sale macho frimeur et inhibé de
lui-même. Mais tu vois, si ça ne se limitait qu'à ça, je ne t'en
voudrais pas. Je ne sais pas ce qui me dérange le plus chez toi. Le
fait que tu sois capable de vendre de la merde sans scrupules à tour
de bras, le fait que tu rendes la population encore plus débile que
ce qu'elle n'est, que tu tires les gens vers le bas et que tu
l'assumes ou ta façon de traiter l'humain en général. Les femmes
bien sûr, mais pas uniquement. Tous ceux que tu estimes plus petits
que toi, tu es prêt à les écraser, par contre, les mecs qui
arrivent à être encore plus cons que toi, tu leurs sucerais les
couilles sans demander ton reste. Eh bien, je veux que tu saches que
tu n'es qu'une vermine de merde. Tu es un poison pour l'humanité, et
si la société se porte mal c'est à cause de gens comme toi. Et
maintenant tu vas être mignon, tu vas dégager ta sale paluche de ma
cuisse.
J'hallucine,
elle me raconte quoi cette pauvre folle ? Je ne capte rien. Je
fais un demi-tour à 90 ° comme ça juste pour lui faire peur et
qu'elle se mette à crier. Pas impressionnée ? J'accélère,
freine d'un coup. Elle ne me regarde même pas, elle attend. Je
manœuvre de plus en plus violemment me rapprochant à chaque fois
plus dangereusement du précipice. C'est alors que je la vois sortir
de son étui à lunettes une petite arme.
- Ca
suffit, tu t'es assez amusé. Tu vas te garer immédiatement, et
peut-être que tu auras la chance de ne pas mourir dans d'atroces
souffrances- me dit-elle.
-
C'est quoi cette merde ? T'es complètement folle ou quoi ?
Qu'est-ce qu'il te prend Suzzie, euh, Suzz Suzanna ? Arrête le
délire, allez, calme toi, je te pardonne, tout le monde peut se
mettre en colère parfois, je sais moi aussi, après une journée de
boulot ça m'arrive...
-Arrête
cette putain de voiture !!! En même temps elle tire un coup de
feu en l'air. Je pousse un hurlement qui trahit ma peur.
- Mais
c'est quoi qui cloche chez toi, ça ne va pas ? - Je dis ça,
mais je me gare tout de même, je sais qu'une femme en colère, avec
un flingue, ça peut être dangereux.
-
C'est bien connard, c'est bien. Maintenant tu vas me passer ton
IPhone.
- Ah !
Mon IPhone ! C'est ça que tu veux ! Mais oui, bien sûr,
il n'y a pas de souci, prends le ! Par contre, ne regarde pas
trop les messages, c'est intime, hein.- je dis, soulagé, en lui
tendant l'objet.
- Je
m'en fous de tes messages, pauvre type. - Elle me dit ça en
m'arrachant le portable des mains d'un ton neutre, glaçant.
J'aimerais que tu te foutes à poil.
-
Quoi ? Quoi Suzzie ? Non mais laisse-moi rire, je savais
bien que t'étais folle de ma queue, mais de là à orchestrer tout
ça pour qu'on baise, je trouve que tu vas trop loin, c'est flatteur,
mais tu exagères!
- A
poil- dit-elle en pointant son gun de pétasse vers ma face. A poil,
ou je tire.
Je m'oppose mademoiselle, la plaisanterie a assez durée, tu vas te
calmer.
Je
savais bien que j'aurais dû ajouter un bouton d'alarme à côté du
volant mais le concessionnaire m'a dit que je n'étais pas Kennedy.
Quel connard.
Et là,
je ne vois rien venir, je suis en train de ruminer et la salope me
tire une balle dans l'épaule. Enfin, elle a l'air de bien manier
l'objet, et elle m'effleure juste l'épaule et me surprend et me fait
un mal de chien.
- Mais
t'es malade ???? Tu m’as tiré dessus !!
Je
touche à mon épaule, il y a du sang partout, partout, je n'ose même
pas regarder l'état de la caisse.
-Putain,
je saigne maintenant, je saigne ! Aaaah, j'ai mal, j'ai mal,
emmène-moi à l'hôpital ! AU SECOURS !
-
Ferme-la, déshabille toi, ou je t'en colle une pour de vrai.
A
présent je pleure, mais je ne remets pas ses menaces en question, je
vais me pisser dessus tellement cette pauvre tarée me fait peur.
-
J'arrive pas à me déshabiller, j'ai mal, j'ai pas de place. Je
gémis comme un pauvre gamin.
- Ok
bébé, on sort de la caisse.
- Tu
vas me le payer très cher sale pute ! Tu vas me le payer je te
le jure ! Tu vas avoir des gros soucis !
Je me
retrouve donc au bord d'une route déserte, nu comme un ver, avec du
sang qui coule partout, complètement démuni, effrayé, face à
cette pauvre malade, avec son révolver pointé sur moi.
-
C'est bien, tu vois, tu coopères quand tu veux ! C'est fou, il
ne faut pas grand-chose pour que tu sois mignon finalement. Allez,
allez, chiale pas, tu vas m'énerver. Non, non arrête de pleurer, tu
vas avoir la morve au nez quand je vais te filmer.
Comment
ça me filmer ?
- Et
oui du con, on va faire une petite vidéo avant ton exécution on va
se la jouer meurtre en grandes pompes, je vais te diffuser tout nu en
train de te confesser, sur tous les réseaux sociaux, c'est drôle
l'humiliation, tu es bien placé pour le savoir !
-
Mais, mais tu bosses pour qui ? Tu veux combien d'argent ?
Dis-moi, tu sais bien que j'ai plein de fric... Je sais ! Ce
qu'on fait : je te donne 1 million, à toi et à ceux avec qui
tu bosses, et on n'en parle plus, je ne porte pas plainte, et je te
pardonne tout. Ça te va comme deal ?
- T'as
décidément rien compris mon pauvre ! J'en veux pas de ton sale
fric ! Tout ce que je cherche à faire c'est rafraichir la
planète des sales connards comme toi, je veux juste te crever, c'est
pourtant clair ! Et ferme-là, il faut que tu fasses cette
vidéo. Allez, on va s'entrainer, répète après moi : « Je
suis un sale connard de merde, je vais crever, et c'est ce que je
mérite »
-
Je... euh... Je... -C'est là que je décide de partir en courant, je
fais pas mal de course à pied au quotidien, je peux semer cette
hystérique de féministe.
Boum !
Je
n'ai pas fait trois pas avant qu'elle ne me tire dans l'épaule
gauche.
-Tu
fais chier ! Tu ne comprends pas que je ne veux pas que tu sois
trop amoché pour la vidéo ! Putain, Mariano s'il te plait
concentre toi ! Lève-toi, et répète « Je suis un sale
connard de merde, je vais crever, et c'est ce que je mérite ».
-
Aaaaai ! Maman ! Je veux que ça s'arrête ! Mon dieu
s'il vous plait, aidez-moi !
-
Mariano, tu te pisses dessus, c'est dégoutant. Ca film je te ferais
dire. Dis ta phrase, et promis, après, je te laisse tranquille.
-
Promis ?
-Promis.
- Tu
ne me tueras pas ? Tu n'irais pas en prison pour une telle
connerie, hein, j'en vaux pas la peine... - Je la regarde, elle
recharge son flingue- Oui, oui, je dis ma phrase !! Humm
heeee. Haaaaaaa.... « Je suis un sale.... fiouf... Un sale
connard de merde, je vais, je vais... putain mon dieu faites que
non... crever, et c'est ce que je mérite »
-
C'est bien mon poulet, c'est bien.
Elle
pointe son flingue et tire, en plein milieu de ma tête. Je n'ai pas
le temps de réagir, ça va trop vite. Je...
- Je
préfère finir au trou et te savoir six pieds sous terre que vivre
dehors et imaginer une ordure comme toi en vie.
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